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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 10:18
PHILIPPE SOIRAT «You Know I Care»

David Prez (saxophone ténor), Vincent Bourgeyx (Piano), Yoni Zelnik (contrebasse),Philippe Soirat (batterie). Malakoff, 2 & 3 juillet 2014

Paris Jazz Underground PJU 015 / Socadisc

S'il est un sideman qui se soucie de la musique en train de se jouer, en se mettant au service du groupe au sein duquel il œuvre, c'est bien le batteur Philippe Soirat. Depuis quelques lustres déjà, il a sollicité les fûts de sa batterie en bonne compagnie, de Barney Wilen et Alain Jean-Marie à Phil Woods et Dee Dee Bridgewater, en passant par les frères Belmondo, Barry Harris, Lou Donaldson, Johnny Griffin, Lenny Popkin ou Mark Turner.... Et pour son premier disque en leader, après plus de 25 années de carrière, il prend soin (grand soin) de veiller au choix le plus en phase avec son cœur musicien. Un cœur qui penche du côté de Blue Note, assurément, et des grands maîtres du jazz moderne. C'est ainsi qu'il reprend des thèmes de Monk, Hancock, Gillespie, Wayne Shorter, George Russell, Andrew Hill, Joe Henderson, Tony Williams ou Duke Pearson (dont il reprend malicieusement un titre, pour identifier ce cd). Et il y ajoute une composition du saxophoniste David Prez, ainsi qu'un court solo de son cru. Le répertoire, loin d'être joué dans un esprit d'épigone, est soigneusement remis sur l'établi, retravaillé avec l'amour d'un artisan d'art. Cela est sensible dès la première plage, The Eye of the Huriccane, traité très différemment de la version princeps d' Herbie Hancock : le choix par Philippe Soirat d'un dialogue anguleux en tandem contrebasse-batterie comme assise rythmique, là où l'interprétation de référence offrait une ligne de basse cursive, induit un déroulement différent de toute la plage, et engendre des improvisations (les solistes son en verve !) qui échappent à la redite. Et il en va ainsi de la plupart des plages. Car le batteur, comme ses partenaires, est bien de cette trempe d'artisan dont on fait les vrais artistes. Et c'est en artiste qu'il nous fait savoir, via l'intitulé de son album, qu'il prend soin de la musique, et qu'il a de longtemps fait de la beauté son beau souci. Nous le savions déjà ; nous n'en douterons jamais plus.

Xavier Prévost

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