20 septembre 2015
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2Oth anniversary Collector’s Edition
1 coffret 4C D RCA Legacy / Sony MUsic
Ceux qui se désolent encore de ne pas avoir pu assister aux résidences du grand saxophoniste de Chicago lors du festival Jazz à la Villette (sessions 2015) ont matière à se consoler. En effet, Sony Legacy vient de rééditer l’enregistrement des 3 concerts mythiques donnés par Steve Coleman en mars 1995 au Hot Brass (l’actuel Trabendo). Comme le racontent les pages du superbe numéro de Jazzmagazine n°676 consacré ( enfin !) au saxophoniste, ces concerts restent de toute évidence gravés dans les mémoires des aficionados parisiens.
1995. Le jazz cherche ses nouvelles voies. Ses nouveaux moyens d’expression. De nouvelles musiques surgissent et Steve Coleman avec ses trois formations (Mystic Rythm Society, Metrics et Five elements) faisait alors, comme il le fait toujours : ouvre des portes. Va puiser dans toutes ces musiques, qu’elles soient traditionnelles ou modernes pour en offrir un génial melting pot syncrétique. Trois volets donc. Avec « Mystic Rythm » il y est question de transes mêlant le jazz à la world music, au koto japonais autant qu’aux chants arabes. Avec « Metrics » il y est question du mélange des pulses du jazz avec celles du rap ( Coleman n’aime pas parler de rappeurs il préfère parler de lyricists). Là, c’est le jazz qui s’acoquine avec une autre musique de la rue. Et enfin avec « Five Elements » il est question d’une vraie réflexion sur les formes du groove plongeant au cœur des racines d’un jazz plus bop pour lui montrer des vois plus actuelles et incandescentes.
Sans relâche, Coleman travaille sur l’intégration des différentes formes d’improvisation dans le cadre de structures polyrythmiques complexes. Quelle qu’elles soient. Et c’est toujours jouissif ! Notamment parce que dans la bande des fellow partners de Steve Coleman il y a un Gene Lake qui atteignait des sommets. Ou encore un maître du groove, avec un Reggie Washington impérial. On y entend aussi les interventions du trompettiste Ralph Alessi ou encore d’un tout jeune pianiste promis à l’avenir que l’on sait, Vijay Iyer. Et même David Murray qui s’invite sur le plateau le dernier soir pour jeter une huile bouillonnante sur le feu de la lave colemanienne.
Le dernier soir, C’est le grand gourou de ces sessions, Steve Coleman lui-même qui explose, pas seulement grand ordonnateur, pas seulement grand maître du tempo, pas seulement cérébral mais aussi grand maître d’un son venu de très loin, digne héritier de Charlie Parker par d’autres moyens.
Ces sessions rééditées par Daniel Baumgarten sont le formidable témoignage d’une époque. Si les rappeurs des Metrics peuvent nous sembler un tantinet désuets et ringards aujourd’hui, force est néanmoins de constater que les deux autres volets n’ont pas pris une seule ride et qu’hier comme aujourd’hui la musique des Five Elements porte le jazz aux sommetx que seuls des génies de la trempe de Steve Coleman ou John Zorn peuvent atteindre..
Est ce qu’en mars 95, Paris brûlait ? En tous cas il se consumait de plaisir ….
Jean-Marc Gelin
Pas beaucoup de traces vidéo des sessions de 95. Celle-là date de l'année suivante.