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25 décembre 2015 5 25 /12 /décembre /2015 13:26
ERIC SEVA : « Nomade sonore »

Gaya 2015

Eric Seva (bs,ss), Daniel Zimmerman (tb), Bruno Shorp (cb), Mathieu Chazarenc (dms), Ludovic Lanen (enr, mix)

Si au pied du sapin vous n’avez pas trouvé le dernier album du saxophoniste Eric Seva, sachez qu’alors le vieux barbu s’est gouré grave et qu’il ferait bien de retourner à son atelier pour réparer sa boulette et vous le déposer illico presto au fond de vos chaussettes.

Quant à nous, il ne nous a pas oublié et c’est tant mieux ! Car le nouvel album, d’Eric Seva est un pur moment de joie communicative.

Eric Seva est en effet un des piliers indéfectibles de ce jazz hexagonal dont il porte haut l’identité très forte dans l’écriture ( on pense à l’écriture des Sclavis, Texier ou Emler) ou grâce aux multiples collaborations qui émaillent un CV ma foi fort bien rempli. Et c’est vrai qu’au fil du temps, fort de deux ONJ et de rencontres multiples ( Khalil Chahine, Franck Tortiller, Didier Lockwood etc…) le saxophoniste ne cesse de s’affirmer et de parvenir au fil de ses albums à une sorte de lâcher prise totalement libéré.

Avec Daniel Zimmerman, Mathieu Chazarenc, et Bruno Shorp il se lance ici à cœur et à corps perdu dans une sorte de danse effrénée. Eric et Daniel se courent après (Cheeky monkey), se dépassent, font le route ensemble et se laissent distancer. C’est parfois un tourbillon de la vie, une danse légère, une douce valse jazz ( Kamar). C’est un blues moite et qui colle. C’est une sorte de conversation animée et vive entre potes comme ceux que l’on a en terrasse des cafés (Monsieur Toulouse). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cet album est dédié aux douzes personnes disparues le 7 janvier ( attentats à Charlie Hebdo) et à cet esprit libre, goguenard et amoureux qui animent nos rues et nos vies.

A l’exception de 3 thèmes ( 2 de Khalil Chahine et un de Michel Marre), tous les titres sont de la plume du saxophoniste. Plume alerte et sacré sens des alliages des sons et des textures, associant avec un immense bonheur ceux de Zimmerman ( toujours magnifique) et ceux d’Eric Seva lui même qui tant au soprano qu’au baryton s’y révèle éblouissant. Tiens d’ailleurs tant que l’on y est et que l’on parle de soprano : Eric Seva s’y montre renversant de puissance expressive sur un thème comme Matin Rouge alors qu’au baryton il imprime toujours une sorte de groove irrésistible et sensuel.

Libres voix, libres paroles, libres expressions, libres improvisations.

Sur cet album flotte définitivement un air de la liberté.

Jean-Marc Gelin

PS : en écoutant l'album, mon fils qui jouait dans sa chambre est venu me voir pour me dire : " c'est du jazz ça Papa ? ". Je lui ai dit :" oui c'est du jazz". Alors il m'a dit " ben alors j'adore le jazz !"

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