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13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 19:08
Cyrille AIMEE  : «  Let’s get lost »


Cyrille Aiméé (vc), Adrien Moignard (g), Michael Valeanu (g), Sam Anning (b), Rajiv Jayaweera (dms), Matt Simons ( vc on Each day)
Mackavenue 2016


Cyrille Aimée ? Pour beaucoup encore, de ce côté-ci de l’hexagone, une inconnue, sauf peut-être pour ceux qui l’avaient découvert avec son album sorti l’an passé en France sur le label Mc Avenue.
Et pourtant vous ignorez certainement que Cyrille Aimée est en passe de devenir une vraie star aux Etats-Unis depuis sa participation très remarquée au prestigieux concours Thelonious Monk où elle était arrivée en 3ème position l’année même où Cecil Mc Lorin Salvant remportait tous les lauriers justifiés.

Cyrille Aimée si elle n’est pas manouche, n’en est pas moins tombée dedans quand elle était petite et qu’elle usait ses fonds de culotte à Samois, terre d’héritage s’il en est du père Django. La première école de la petite chanteuse a donc été avant tout et surtout celle de l’écoute et du partage au coin du feu au pied des roulottes. Et ce n’est pas une image d’Epinal un peu kitsch. Tenez j’étais l’autre jour avec des manouches qui se foutaient bien comme de l’an quarante des chanteuses de jazz. Pourtant lorsque j’ai évoqué le nom de la petite Cyrille Aimée, le visage de Yorgui Loeffler s’est illuminé comme si je parlais de quelqu’un de sa famille à lui. Cyrille Aimée n’est pas manouche mais pour elle, pour sûr ils iraient bien taper le bœuf jusqu’au bout de la nuit.
Dans le même temps tous ces gars-là, leur guitare à la main n’ont pas bien compris pourquoi cette jeune et frêle demoiselle pliait bagage pour s’en aller apprendre la musique et le jazz de l’autre côté de l’atlantique. « Tout ce qu’elle devait savoir elle le savait, avec nous ».
Mais Cyrille Aimée sentait bien qu’il lui restait encore beaucoup de choses à apprendre. Et c’est ainsi que Cyrille avec son petit air franchie, ses petites rengaines jazzy et ses acolytes guitaristes formés à l’école de Django partit conquérir la terre du jazz avec un succès étonnant, des concerts programmés un peu partout sur le territoire américain, des salles prestigieuses comme le Village Vanguard et des passages radio en veux-tu en voilà.

Son nouvel album ne paie pas de mine. 13 petites chansons jouées en acoustique pour partie issues du répertoire ( Let’s get lost, That old feeling, There’s a lull in my life) , pour partie moins connues, en anglais ou en Français ( T’es beau tu sais écrit par Moustaki ou un émouvant Samois à moi écrit par elle même). Cyrille Aimée y signe presque tous les arrangements de cet album que l’on aurait tort de classer simplement et vite fait dans la catégorie «charmant» ou « oui, très frais ». Car c’est bien autre chose et même si cet album est effectivement charmant et très frais, il porte en lui la marque d’une grande chanteuse au feeling incroyable et à la superbe musicalité dans chacune de ses expressions. Cyrille Aimée prend son temps, regarde , observe le monde qui l’entoure et le chante sans jamais se mettre en scène elle même. Sa voix on jurerait qu’elle l’a travaillé en écoutant Blossom Dearie ou Lisa Ekdhal. Mais quand on lui pose la question elle reste là dessus très classique et évoque surtout Ella Fitzgerald tout en avouant quand même un gros penchant pour la simplicité du chant d’une Gretchen Parlato.

On a aimé cet album. On se le repasse en boucle. On l’écoute et l’on se sent bien. Et vous aussi, sans aucun doute, vous allez aimer Aimée.
Jean-Marc Gelin

@jeanmarcgelin     Cyrille Aimée rencontrée un matin de fevrier 2016 au Zimmer

@jeanmarcgelin Cyrille Aimée rencontrée un matin de fevrier 2016 au Zimmer

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