AUTOUR DE CHET
Collectif fat. Yael Naïm (vc,g), Hugh Coltman (vc), Eric Truffaz (tp), Charles Pasi (vc, hmca), Sandra Nkaké (vc), Airelle Besson (tp), Bojan Z (p), Ibeyi (vc, perc), Benjamin Biolay ( tp, eh oui !), Camelia Jordana (vc), Elodie Frégé (vc), Alex Tassel (tp), Rosemary Standley (vc), Stéphane Belmondo (tp), José James (vc, Piers Faccini (vc, g), Luca Aquino (tp).
Christophe Mink (cb), Pierre françois Dufour (cello, percus), Cyril Atef (dms)
Verve 2016
Clement Ducol n’est pas totalement un inconnu. Ce jeune musicien et arrangeur de talent avait déjà réalisé l’an passé un magnifique hommage à Nina Simone dans l’album « autour de Nina » qui réunissait plusieurs musiciens et chanteurs. Aujourd’hui il récidive avec une autre figure légendaire du jazz, celle de Chet Baker.
Et pour rendre un hommage au trompettiste de l’Oklahoma il lui fallait logiquement réunir les deux pôles de la musique de Chet Baker : le chant et la trompette.
Alors Clément Ducal réunit des chanteurs de la nouvelle génération venus de tous horizons. Et il ne les réunit pas seulement sur l’album. Ils les réunit tous ensemble en même temps dans la studio. Histoire de créer l’osmose. Car autour de la figure de Chet se réunissent ceux et celles qui furent influencés par le chant poignant de Chet dont la dramaturgie a été une véritable école pour un grand nombre. Les chanteurs qui composent cet album viennent du jazz (Hugh Coleman, Sandra Nkaké, José James) de la pop ( Rosemary Stanley chanteuse de Moriarty, Piers Faccini, Charles Pasi) ou encore de la chanson ( Yael Naïm, Elodie Frégé, Camélia Jordana). Tous et toutes sont des voix exceptionnelles et des interprètes inspiés et particulièrement soulful. Magnifiquement accompagnés par des trompettistes à la fibre bakerienne comme Eric Truffaz, Stéphane Belmondo ( qui vient de lui consacrer un album), Airelle Besson, Luca Aquino ou encore, et c’est plus surprenant Benjamin Biolay qui a pour l’occasion préféré l’embouchure à la voix.
Au final cet album de all-stars est superbement produit avec de associations qui confinent au génie comme celle de Sandra Nkaké avec le son crépusculaire d’Airelle Besson sur un Grey december de légende. On marche à fond lorsque la chanteuse franco-cubaine Ibeyi donne un sérieux coup de jeune à Moon and Sand ou lorsque la chanteuse de Moriarty ralentit le tempo à l’extrême sur un Let’s get lost qui confine au désespoir. Tout comme la voix absolument renversante de Camélia Jordan qui tire des larmes sur a Thrill is gone déchiré. Les arrangements, avec ou sans cordes sont magnifiques même si l’on pourrait regretter parfois la tonalité un peu mélodramatique flirtant avec pas mal de clichés autour de Chet Baker. Heureusement Hugh Coltman avec Eric Truffaz au sommet, y mettent un peu de rage ( Born to be blue), Charles Pasi (it could happen to you) emballe le tempo à l’harmonica dans un style plus bluesy et la très très pulpeuse Elodie Frégé affole les compteurs et son auditoire masculin sur un But not for me torride accompagné d’un Axel Tassel réincarnant littéralement Chet Baker dans la musicalité de son improvisation.
De bout en bout de cet album on est pris, on est séduits par ce travail d’orfèvre de Clement Ducol empreint d’amour pour son sujet autant que pour ses interprètes.
Et cet amour-là on vous le dit est aussi communicatif qu’émouvant.
Jean-Marc Gelin