Sarah Vaughan, Live at Rosy’s
2CD- Resonance/Socadisc. Sarah Vaughan (voc), Carl Schroeder (piano), Walter Booker (basse), Jimmy Cobb (batterie). New Orleans, 31 mai 1978.
Elle restera pour les fans « la divine ». C’est d’ailleurs le qualificatif employé par Helen Merrill dans le livret qui accompagne ce concert enregistré en club par Sarah Vaughan en 1978 et désormais disponible grâce à ce dénicheur de trésors nommé Zev Feldman (on lui doit des inédits de Sonny Rollins, Horace Silver, Duke Ellington, Art Blakey, Bill Evans).
A 54 ans, Sarah domine son art. La perfection tout simplement : rien ne lui est impossible. Le répertoire est aussi large que son registre vocal : les grands classiques (les Gershwin, Rodgers & Hart, Burke & Van Heusen, Styne & Cahn) et des contemporains de tous horizons (Legrand- Watch What Happens, adaptation par Gimbel de Récit de Cassard dans les Parapluies de Cherbourg- une bossa nova de Gil & Valle-If You Went Away- Preciso Aprender A Ser So en version originale). « La divine » va même jusqu’à donner, à la requête du public et sans s’en offusquer (qui visiblement fait quelque confusion avec une autre diva) « A ticket a tasket », le premier succès d’Ella Fitzgerald à la fin des années 30.
Le Rosy’s de la Nouvelle Orléans a fermé ses portes en 1979, les frais fixes de cet ancien hangar rénové luxueusement par une jeune héritière fan de jazz, Rosalie « Rosy » Wilson, ayant toujours excédé les recettes d’un club qui accueillit Ray Charles, Bob Dylan, Count Basie ou encore Ella Fitzgerald. Sarah s’en est allée douze ans plus tard, victime d’un cancer du poumon.
Quel meilleur souvenir que ce « direct » en club. On ne se lasse pas de ces 90 minutes de bonheur. Sérénité, facilité, grâce, humour, charme. Tout Sassy était ce soir-là au Rosy’s.
Jean-Louis Lemarchand