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20 janvier 2017 5 20 /01 /janvier /2017 11:17
Mario Stantchev & Lionel Martin JAZZ BEFORE JAZZ
     

Mario Stantchev & Lionel Martin

JAZZ BEFORE JAZZ

Autour de la musique de Louis Moreau Gottschalk
Label CRISTAL RECORDS

Mario Stantchev (piano), Lionel Martin (saxophones)

 

Le pianiste bulgare Mario Stantchev et le saxophoniste Lionel Martin, découvert avec le batteur Bruno Tocanne dans le magnifique trio Résistances,ont sorti en mars dernier une pépite intitulée Jazz before Jazz. Un jazz actuel, très vif qui se nourrit des musiques du monde. L’album rend hommage à l’un des pionniers de cette musique, Louis Moreau Gottschalk qui ne savait pas encore qu’elle deviendrait le jazz, la « musique savante » du XXème siècle. Si le duo fait œuvre de pédagogie, devient musicologue, il insiste aussi sur la qualité onirique de cette musique, qui révèle des racines probables du jazz, « des racines rêvées ». Un duo exaltant, énergique et pourtant tendre, qui revisite avec la traversée du XXème cette musique d’avant les origines.

Qui était donc ce pianiste virtuose admiré de Chopin, séducteur impénitent, artiste nomade, né à la Nouvelle Orléans en 1829 ? Le premier à avoir intégré à la technique savante occidentale les rythmes et harmonies de la Caraïbe, les musiques créole, ibérique, latino-américaine et… le chant des esclaves dans des compositions aux titres explicites «Bamboula», «Danse de nègres», « Le banjo », « Danse des Gibaros », « Souvenir de la Havane ». Il sut s’approprier avec élégance des éléments de chaque culture.

On n’en finira donc jamais de s’interroger sur le jazz, ses origines et ses développements et variations, cross over… Bernstein avait sûrement connaissance de ce pianiste, lui qui se passionna pour les « danzons » et mêla adroitement dans West Side Story symphonique, jazz, musique américaine sur les traces d’Aaron Copland.

Soulignons enfin que l’on est sensible -et c’est assez rare pour le noter, à la qualité de l’objet CD avec de véritables notes de pochette (Jean Noël Régnier et Daniele Stantcheva) où les compositeurs expliquent leur démarche d’arrangeurs à partir des travaux de Gottschalk. Car tous les titres sont des compositions de Gottschalk sauf le premier thème « Pour Louis Moreau » de Mario Stantchev. La pochette au graphisme de Valentine Dupont est exquise, s’inspirant à la fois des masques et de «l’art nègre», très en vogue à la naissance du jazz et des papiers découpés-collages d’ Henri Matisse, qui eut un grand succès avec une série intitulée Jazz en 1947.

 

Sophie Chambon

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