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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 12:56

Lee Konitz (saxophone alto, voix), Kenny Barron (piano), Peter Washington (contrebasse), Kenny Washington (batterie)

New York, 30 novembre & 1er décembre 2015

Impulse 00602557208733 / Universal

 

Mieux vaut tard.... Quand en 1961 Coltrane enregistrait son premier disque pour le tout nouveau label Impulse, Konitz offrait à Verve l'album «Motion».... avec Elvin Jones. Aujourd'hui Impulse est, comme Verve , dans le giron de l'oligopole Universal, et Konitz rejoint à presque 90 ans (en octobre prochain ; il avait 88 ans quand ce disque s'est enregistré) cette écurie qui fut naguère un repaire d'avant-gardistes. Mais Konitz était déjà d'avant-garde quand en 1949 il enregistrait avec Lennie Tristano et Warne Marsh des improvisations totalement ouvertes, sans thème ni grille, juste un tempo.

Et aujourd'hui, s'il continue d'interpréter des standards, c'est toujours pour s'en jouer. Il attaque Stella by Starlight directement par l'improvisation, comme il le fit si souvent au cours de sa carrière : il aime monter en marche, directement dans la grille, la structure harmonique, en esquivant le thème qu'il ne se donne pas la peine de citer, et à peine de paraphraser. En 1953, de passage à Paris avec le grand orchestre de Lionel Hampton, il avait gravé en quartette plusieurs versions de I'll Remember April sans citer le thème, et il les avait dans certaines éditions affublées de titres de son cru. Fidèle à son espièglerie légendaire, il joue dans ce disque un certain nombre de standards qu'il cite peu, ou pas du tout. Et sur la plage titrée Kary's Trance, de sa plume, il commence par citer Play, Fiddle Play, le thème sur les harmonies duquel il avait bâti sa composition , créée en 1956 pour le disque «Inside Hi-Fi» en 1956 chez Atlantic. Bref il n'en finit pas de brouiller les pistes et c'est pour cela qu'on l'adore. Aux standards (Darn That Dream, Out Of Nowhere, Invitation, Cherokee....) déclinés avec la libre distance déjà soulignée s'ajoutent des thèmes du saxophoniste, comme l'inoxydable Thingin', détournement de All The Things You Are, un thème que Konitz n'a jamais cessé de taquiner tout au long de sa vie d'improvisateur. C'est toujours empreint de fraîcheur, de liberté, de fantaisie, d'invention mélodique et d'aisance harmonique. On lui pardonne même d'avoir un peu chanté sur plusieurs plages ! Et, pour que le bonheur soit total, il est très bien accompagné par des orfèvres qui lui laissent, avec un amical respect, tout l'espace nécessaire à l'expression d'une grande liberté.

Xavier Prévost

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