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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 08:56
4 to GO! André PREVIN Herb ELLIS Ray BROWN Shelly MANNE

4 TO GO !

Réédition Jazz connoisseur ( Sony-Columbia/Legacy)

André Previn (p), Herb Ellis (g), Ray Brown(cb), Shelly Manne (dms)

« Quatre garçons dans le vent du jazz west coast », voilà une jolie formule que je reprends volontiers pour qualifier la rencontre de ces musiciens, à Hollywood, pour une séance d’enregistrement détendue, brillante, swingante à souhait ! Quel bonheur que la réédition en CDs de la série Jazz Connoisseur qui reprend pochette originale et « liner notes » de Leonard Feather, s’il vous plaît.

Comment s’est produit ce petit miracle ? Tout simplement par une rencontre, lors d’une semaine de résidence dans le célébrissime show télévisé de Steve Allen, acteur, humoriste, vedette du petit écran, le dimanche soir en live, à partir de 1956.

Le guitariste Herb Ellis fait partie de l’orchestre habituel de l’émission. Il s’agit alors pour le pianiste André Previn (1) de monter une séance d’enregistrement, avec l’ami batteur Shelly Manne, en s’adjoignant Ray Brown (tournant alors avec Oscar Peterson), le seul des quatre à ne pas résider sur la côte ouest. Lors de l’un des passages du contrebassiste, la bande éphémère des quatre se retrouve avec, dans leur bagage, pour chacun, une composition originale. Pour le reste, ils tenteront l’aventure en reprenant six standards selon l’inspiration du moment. Notons qu’à part l’incontournable « Bye Bye Blackbird » qui permet d’entendre le jeu du guitariste, le choix est plutôt original, les compositions sélectionnées des célèbres Rogers & Hart, Harlen & Langdon, Burke & Van Heusen sont « originales » (2). Soit dix titres plutôt neufs (aujourd’hui) qui composent cet album au montage absolument parfait, commençant par un « No Moon at all » qui permet de se faire une idée du style du pianiste assurément influencé par Art Tatum, et se terminant par un « Don’t Sing Along » épatant, des plus bluesy, d’André Previn, sans oublier une certaine ardeur qui caractérise le style de cette musique. Et c’est ainsi que se constitua cet album LP, dans la plus grande simplicité, entre gens de talent et de bon goût. Chacun a l’occasion de s’exprimer à part égale, comme Ray Brown sur « Like someone in love ». L’interplay paraît couler de source. Mention spéciale pour le morceau de Shelly Manne, « Intersection » que je trouve trop court, tant j’aime ce batteur, coloriste, mélodiste, d’une vigueur rare. En fait, ils sont tous vibrants et vivants, et je vous assure qu’une saine nostalgie fait vraiment surface à l’écoute de cet album.

Vraiment recommandé, vous l’aurez compris !

Sophie Chambon

 

 

 

[i] Revenons tout de même sur ce pianiste, compositeur et arrangeur étonnant qui fit de nombreux passages entre classique, musique de films et jazz ; quand on s’intéresse au cinéma américain de cette période, on a dans l’oreille immédiatement ces arrangements de My fair lady, en trio avec Shelly Manne et Leroy Vinegar (1956), d’Irma la douce. Ou des BO de films de Minelli comme ce surprenant The Four Horsemen of The Apocalypse, ou le célèbre Gigi.

 

[ii] L’occasion m’est donnée ici de m’interroger sur le pauvre choix des reprises de standards aujourd’hui. Ce sont toujours les mêmes qui sont repris et ressassés parfois jusqu’à écoeurement .


 

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