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4 mars 2017 6 04 /03 /mars /2017 18:14

Bruno Chevillon (guitare basse, contrebasse, électronique, tambourin, voix), Éric Échampard (batterie, voix), Benjamin de la Fuente (violon, guitare ténor, électronique, slide guitar, voix), Samuel Sighicelli (orgue, échantillonneur, synthétiseur analogique, piano électrique, piano, voix)

Pernes-les-Fontaines, juillet et novembre 2015

La Buissonne RJAL 397027 / PIAS

 

Troisième disque du groupe, et toujours une musique de tous les paradoxes. On entre dans l'objet phonographique par une longue plage qui mêle les rêves fusionnels des années soixante finissantes, entre Pink Floyd et Led Zeppelin, où pop expérimentale, rock dur, musique électroacoustique et électronique s'entrelaçaient dans un horizon prospectif légèrement psychotropique. L'aventure se poursuit, de plage en plage, en convoquant toutes les ressources artistiques, qu'elles soient instrumentales, stylistiques, théoriques ou technologiques. Ce qui frappe pourtant, au-delà de tout, c'est la puissante énergie vitale qui se dégage d'une telle rencontre : l'improvisation interactive, et la liberté offerte au pulsionnel, semblent se sublimer dans un indiscutable sens de la forme. Forme mouvante et instable, et qui pourtant se donne à lire comme telle. Certaines plages (I Wonder...) offrent un déroulement d'apparence plus linéaire, selon une sorte de crescendo dramatique amorti par l'étrangeté de l'espace sonore. La plage suivante, 1064° C (point de fusion de l'or), nous ramène en plein rock psychédélique. Et ainsi de suite.... Chaque étape défie toute taxinomie fiable pour un tel objet musical. C'est totalement fascinant, d'une netteté sonore incroyable, et l'on se dit que cette musique parlera forcément à ceux qui aiment le jazz. On est loin d'Armstrong et de Parker, mais pas si loin de l'espace ouvert en 1969 par Miles Davis avec «Bitches Brew». Non que la musique de Caravaggio ressemble en quelque manière à celle de Miles, mais parce qu'on y trouve une sorte de liberté insolente, d'aspiration à la métamorphose, qui habite le jazz dans son meilleur. C'est indiscutablement une musique de l'avenir, et pourquoi pas l'avenir de la musique (en tout cas l'un de ses possibles).

Xavier Prévost

 

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