15 décembre 2017
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John Coltrane Conversation Frank KOFSKY
Voilà un petit livre dont la lecture est conseillée absolument quand on aime le jazz vif, les années soixante et ...John Coltrane. Un livre de "pochette", de 47 pages que publient les éditions Lenka Lente de Guillaume Belhomme.
Il s'agit de l'une des dernières interviews de Coltrane réalisée par un fou de jazz, historien, chroniqueur, Frank Kofsky, qui allait devenir l'auteur d'ouvrages manifestes sur le jazz, la musique créative de l'époque. Eperdu d'admiration pour John Coltrane depuis sa découverte dans le Round about Midnight du groupe de Miles Davis en 1957, il s'attacha à le suivre, à garder un lien en essayant d'organiser des concerts au sein de l'université.
Pendant l'été 1966, il interviewe des musiciens de jazz à New York et Coltrane figure en tête de sa liste. C'est ainsi que le 18 août 1966, faisant preuve d'une touchante disponibilité, le saxophoniste favorisa la rencontre, à l'arrière de sa voiture, sur le parking d'un supermarché, avant de raccompagner Kofsky à la gare et d'attendre avec lui son train pour Manhattan.
Il s'agit de l'une des dernières interviews de Coltrane réalisée par un fou de jazz, historien, chroniqueur, Frank Kofsky, qui allait devenir l'auteur d'ouvrages manifestes sur le jazz, la musique créative de l'époque. Eperdu d'admiration pour John Coltrane depuis sa découverte dans le Round about Midnight du groupe de Miles Davis en 1957, il s'attacha à le suivre, à garder un lien en essayant d'organiser des concerts au sein de l'université.
Pendant l'été 1966, il interviewe des musiciens de jazz à New York et Coltrane figure en tête de sa liste. C'est ainsi que le 18 août 1966, faisant preuve d'une touchante disponibilité, le saxophoniste favorisa la rencontre, à l'arrière de sa voiture, sur le parking d'un supermarché, avant de raccompagner Kofsky à la gare et d'attendre avec lui son train pour Manhattan.
Une conversation passionnante qui alla bien au-delà de la seule musique de jazz et de la New thing. Kofsky insiste sur l'humilité et la sincérité de l'engagement de John Coltrane qui reliait la musique à une autre dimension, essentielle. "La musique est un instrument qui peut amener les gens à penser différemment."
Cet échange restitue le contexte social et politique d'une Amérique raciste qui s'enlise au Vietnam. Et pourtant le monde change, quelle créativité dans cette avant-garde musicale à laquelle Coltrane participe, presque malgré lui, tant il est alors absorbé, encore et toujours, par sa musique, expression de tous les enjeux. Kofsky, un pur "socialiste" au sens américain du terme, a une idée très précise de l'histoire en marche et ses questions orientées ( la réception et l'exploitation d'une musique noire par les Blancs, les différences d'approche en Europe...) ramènent toujours le musicien vers ce jazz en ébullition qui fait presque table rase de tout : pas étonnant que Kofsky ait ensuite écrit John Coltrane and The Jazz Revolution of the 1960s.
Cette conversation, précieuse, permet à Coltrane d'évoquer ses recherches et expérimentations après Ascension, de préciser en quoi le passage au soprano, dont il avoue préférer la sonorité, a modifié jusqu'à sa façon de jouer du ténor. Il cherche à évoluer, même au prix de bouleversements, il s'est séparé d'Elvin Jones et de Mc Coy Tyner, il choisit de faire appel à plus de percussions et moins de piano, d'aller vers des systèmes musicaux extra-européens, de jouer avec d'autres groupes, dans d'autres contextes que les clubs, devenus inadaptés à une musique qui doit prendre le temps de se développer.
L'énergie doit circuler et le musicien écouter jusqu'à l'intérieur de lui même, pratiquer sans cesse, chercher, quitte à s'arrêter s'il ne trouve plus ce qu'il faut jouer. Eternel insatisfait, Coltrane mourra moins d'un an après, en juillet 67, mais il aura transformé le jazz.
Cet échange restitue le contexte social et politique d'une Amérique raciste qui s'enlise au Vietnam. Et pourtant le monde change, quelle créativité dans cette avant-garde musicale à laquelle Coltrane participe, presque malgré lui, tant il est alors absorbé, encore et toujours, par sa musique, expression de tous les enjeux. Kofsky, un pur "socialiste" au sens américain du terme, a une idée très précise de l'histoire en marche et ses questions orientées ( la réception et l'exploitation d'une musique noire par les Blancs, les différences d'approche en Europe...) ramènent toujours le musicien vers ce jazz en ébullition qui fait presque table rase de tout : pas étonnant que Kofsky ait ensuite écrit John Coltrane and The Jazz Revolution of the 1960s.
Cette conversation, précieuse, permet à Coltrane d'évoquer ses recherches et expérimentations après Ascension, de préciser en quoi le passage au soprano, dont il avoue préférer la sonorité, a modifié jusqu'à sa façon de jouer du ténor. Il cherche à évoluer, même au prix de bouleversements, il s'est séparé d'Elvin Jones et de Mc Coy Tyner, il choisit de faire appel à plus de percussions et moins de piano, d'aller vers des systèmes musicaux extra-européens, de jouer avec d'autres groupes, dans d'autres contextes que les clubs, devenus inadaptés à une musique qui doit prendre le temps de se développer.
L'énergie doit circuler et le musicien écouter jusqu'à l'intérieur de lui même, pratiquer sans cesse, chercher, quitte à s'arrêter s'il ne trouve plus ce qu'il faut jouer. Eternel insatisfait, Coltrane mourra moins d'un an après, en juillet 67, mais il aura transformé le jazz.
Sophie Chambon