LA HUIT DVD
Avec Mezzo et Banlieues Bleues
Sortie le 27 mars 2018
http://www.lahuit.com/fr/content/francesco-bearzatti-2-films
Premier concert capté par Stéphane Jourdain pour la Huit, This Machine Kills Fascists est un projet du Tinissima Quartet, après l'évocation de Tina Modotti et Malcolm X.
Le transalpin Francesco Bearzatti, à la tête d'un extraordinaire quartet, se lance dans l'évocation de Woody Guthrie, à l'origine du "protest song", qui aura une grande influence sur Bob Dylan et nombre de musiciens américains. Le programme célèbre la force de l'engagement de celui qui avait écrit sur sa guitare "THIS MACHINE KILLS FASCISTS". Entre blues et frénésie, le concert commence avec "Okemah"/ "Dust Bowls", retraçant les tempêtes de sable et l'exode des fermiers vers l'ouest chassés par les banques, continue avec un "Hobo Rag" à la rage punk,sur les équipées de ces vagabonds du rail (hobos) menacés par les serre-freins, et se termine par une ode aux anarchistes italiens exécutés "One for Sacco &Vanzetti".
La Huit continue à explorer en musique la biographie d'artistes inspirés et rebelles et le film de Guillaume DERO suit le concert du cinquième album du saxophoniste et clarinettiste italien , consacré à la photographe Tina Modotti (1896-1942), transposant en musique ses "aventures, douleurs et passions"; une suite dont la couleur évolue d'une pièce à l'autre selon que Bearzatti utilise le saxophone ou la clarinette.
Témoin du Mexique post révolutionnaire des années 20, où, après une carrière au théâtre en Californie, elle se réfugie avec le grand photographe Edouard Weston qui a quitté femme et enfants pour elle. Si le studio qu'ils ont créé à Mexico a du succès, elle s'engage auprès du peuple mexicain et continue à oeuvrer jusqu'en URSS avant de rejoindre les rangs des républicains espagnols...Une vie extraordinaire de sacrifices et d'aventures.
Nés tous deux nés dans le Trentin, elle ne pouvait qu'inspirer Francesco Bearzatti. Les deux soufflants de front au premier plan, la caméra tournant autour du leader, le trompettiste Giovanni Falzone, obstinément tourné vers lui. En fond de scène sur grand écran, les photos de cette artiste révolutionnaire prennent le temps d'exprimer le sujet, l'époque, les pays traversés, le parcours de la militante italienne, du Frioul à la Guerre Civile espagnole, des révolutions sudaméricaines, sans oublier la Russie des années 30. Une suite qui se regarde donc et s'écoute attentivement, une histoire racontée avec ferveur et fougue selon les chapitres ("America" et "Why?"). Les changements de rythme alternent selon les photos de groupes d'ouvriers ou d'enfants, de végétaux, des portraits singuliers aux cadrages surprenants sur des mains, "la femme au drapeau" devenue iconique, ou bien la machine électrique s'emballant au rythme du cliquetis des baguettes... Peu ou pas de temps morts, simplement ralentis avec l'archet de la contrebasse qui s'ajointe au saxophoniste. Du grand live!
Sophie Chambon