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13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 17:33

 

Dexter Goldberg (piano), Bertrand Beruard (contrebasse), Kevin Lucchetti (batterie)

Malakoff, 27-29 octobre 2017

jazz&people  JPCD 818004 / PIAS

 

Choisir pour son premier CD un graphisme, et une couleur, qui rappellent « Swingin' Affair » de Dexter Gordon (Blue Note, 1962), ce pourrait être abusif. Ce n'est pas le cas, même quand on est pianiste, si l'on se prénomme Dexter.... et que l'on est fils de saxophoniste. Mais l'allusion s'arrête là, sauf à considérer qu'il s'agit aussi d'une revendication de jazzman. Je ne fais évidemment pas allusion au 'vrai jazz' revendiqué par une vieille garde, mais plutôt à une manière d'être, de s'investir dans la musique, dans son caractère collectif, dans le goût de la pulsation, du groove, de la liberté qui permet de s'évader, plusieurs fois au cours de la même plage, du cadre que l'on aurait pu postuler comme immuable. Dexter Goldberg aurait pu se précipiter, dès sa sortie du département de jazz du Conservatoire (national et supérieur) de Paris, pour graver un premier CD. Il a, judicieusement, fait un autre choix, celui de la maturation. Son langage, et son trio, sont parvenus à une certaine maturité, laquelle justifiait pleinement l'enregistrement d'un premier opus. Venu assez tard au piano, mais précocement au jazz, il aborde cette musique par le vif du sujet, qu'il s'agisse d'une ballade mélancolique ou d'un thème à l'impulsion rythmique très affirmée. Dans ce dernier cas, il ne dédaigne pas, au détour d'une barre de mesure, de changer de tempo, voire de bifurquer provisoirement vers un autre sentier thématique. Un jazz libre en somme, même s'il s'inscrit dans un relatif classicisme, celui qui prospéra des années 50 à 70 pour trouver encore aujourd'hui tout son sens. On perçoit, au fil du disque, un goût de la scénarisation et de la segmentation qui rappelle un peu ce que pratiquait Ahmad Jamal dès les années 50, et encore aujourd'hui (parfois chez Jamal jusqu'à saturation....). Chez Dexter Goldberg, le choix de compositions originales, à l'exclusion de tout standard, paraît judicieux, et assumé. On peut, surtout pour un premier disque en leader, raisonner différemment et considérer qu'un ou deux standards seraient un (examen de) passage obligé, façon de valider sa légitimité à l'aune des références existantes. Mais ce qui paraît vraiment légitime, c'est peut-être de s'affranchir d'un quelconque adoubement pour suivre le conseil de René Char «Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque» ; et en paraphrasant le poète on ajoutera.... à t'écouter ils s'habitueront ; et même ils en redemanderont !

Xavier Prévost

 

Le trio est en concert le 17 mai 2018 au Prisme d'Élancourt (Yvelines), le 18 à Paris au Sunside, et le19 à Saint-Gillles-Croix-de-Vie (Vendée), au festival Saint Jazz sur Vie

 

Sur Youtube le clip Waves of Sand

https://www.youtube.com/watch?v=TddVFFD3agM

 

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