MOON RIVER Fred PASQUA
Label Bruit Chic/ L'autre distribution
Sortie le 27 avril
25/05 Sortie de disque au Sunside Paris
http://www.bruitchic.com/flyin-with
Le batteur Fred Pasqua nous livre avec Moon River son premier album en leader, inspiré de quelques musiques qui l'ont influencé, des thèmes marquants qu'il va relire en quartet avec Yoann Loustalot au bugle, Nelson Veras à la guitare, et Yoni Zelnik à la contrebasse. Mais il s'adjoint, luxe véritable, d'autres invités de qualité sur certains titres, comme le pianiste Laurent Coq, absolument indispensable pour recréer Ravel dans ce "Soupir" qui ouvre l'album, et la composition inoubliable d'Henri Mancini "Moon River". Deux saxophonistes tenor Adrien Sanchez et Robin Nicaise, interviennent, chacun sur des ballades, comme "Nascente" de Milton Nascimento et "Central Park West", la merveille coltranienne. Ce qui permet au batteur de juxtaposer d'autres orchestrations, dans des formules différentes, duo, trio, quintet sans guitare pour un blues délicieux "Louisiana Fairytale", une fin qui ouvre au contraire sur un univers plus éclatant et entraînant.
Une belle équipe qui recrée les goûts de ce batteur discret, ce qui fait de cet album un délicat portrait en creux, tant nos choix nous révèlent. Une musique de nuances, poétique et lumineuse mais d'une luminosité ténue, à l'image de la photo de couverture. Ainsi, on réinvente le temps en écoutant ces divers morceaux qui, tout en nous faisant passer d'auteurs très différents, de Kenny Wheeler ( "Gentle Piece" ) à Miles Davis ("Circle"), de Jimmy Rowles ( "The Peacocks" si attachant) à Joe Henderson ("Black Narcissus"), composent un programme très cohérent. Une recomposition personnelle sur le même versant mélancolique et doux, de petites pièces qui jamais, sauf peut être le "Riot" de Herbie Hancock, ne précipitent le tempo. Moon River baigne dans des climats plus feutrés qu'impose une rythmique élégante et souple. On peut alors être sensible aux diverses interventions du quartet, des solistes, si bien choisis qui se complètent tout en étant dans la même vision de l'improvisation. Jamais les musiciens ne s'affrontent, mais s'épaulent au contraire : guitare et bugle, partageant les mêmes couleurs, se laissent aller à de fines broderies.
Un album dont on écoute chaque pièce avec bonheur, partageant, il faut bien le reconnaître, tous les choix. Se découvre ainsi, lentement, au fil du temps, une aventure intérieure qui touche au plus près.
Sophie Chambon