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22 juin 2018 5 22 /06 /juin /2018 13:02

 

Sous le titre générique 'A Night At The Winery', le label Cam Jazz (Harmonia Mundi) a suscité six soirées de concerts, du 5 au 10 juin 2017, dans les chais et caves de six vignobles de la région Vénétie-Frioul Julienne. Ce territoire italien, qui jouxte la Slovénie, est réputé pour sa vigne, et notamment pour ses vins blancs. Belle occasion de convier des jazzmen (pas de jazzwomen, pourtant j'en connais qui aiment et connaissent le vin....) à s'exprimer dans ces lieux de culture et de mémoire. Du solo au trio, des propositions musicales très personnelles (et très diverses).

A tout seigneur tout honneur, commençons par écouter Enrico Pieranunzi («Wine & Waltzes»), lequel a chois des valses personnelles, parfois sur les harmonies du blues, parfois avec un fort parfum romantique : vibrant, inspiré, recueilli mais joyeux : un régal.

 

Viennent ensuite des duos, parfois trans-nationaux, parfois italo-italien. Le cosmopolite Roberto Taufic (Honduras, Brésil, avant de choisir l'Italie) dialogue à la guitare ave le clarinettiste Gabrielle Mirabassi, natif de Pérouse mais qui apparemment ne craint pas le Nord (de l'Italie). Leur duo («Nítido e Obscuro») oscille entre langueurs brésilienne et mélancolitalienne , avec quelques beaux éclats rythmiques, autour d'une grille de blues dévoyée notamment. Intime et subtil.

 

L'argentin Javier Girotto, qui a lui aussi choisi l'Italie, improvise au saxophone en compagnie du pianiste classique Michele Campanella («Vers la grande porte de Kiev»). Au menu Stravinski (Tango), Rachmaninov, et pour l'essentiel Moussorgski, avec un parcours très personnel dans Les Tableaux d'une exposition. Hybridation très réussie, entre le lyrique saxophoniste et le pianiste buissonnier, qui manifestement se réjouit de cette complicité scellée dans le vignoble Jerman, du nom d'un Autrichien qui au dix-neuvième siècle planta ses ceps en Slovénie avant de prendre racine dans le Frioul. 

 

Encore un duo, cette fois totalement autochtone, encore que le guitariste vénitien Federico Casagrande vive désormais... à Paris, et que son complice saxophoniste, Francesco Bearzatti visite souvent notre beau pays. Leur disque («Lost Songs»), est une balade empreinte de mélancolie parmi les compositions du saxophoniste : poétique et profondément musical.

 

Viennent cette fois les trios, et d'abord celui qui associe Claudio Filippini (claviers, voix), Andrea Lombardini (guitare basse) et le batteur U.T. Gandhi, dont le patronyme ne laisse pas deviner qu'il est natif du Frioul. Une fusion un peu soul, tendance années 70, joliment troussée, mais qui n'a pas touché le chroniqueur (un peu sectaire peut-être ?) autant que les autres CD de la série.

 

Et pour conclure, le dernier mais non le moindre : un trio qui associe le percussionniste turinois Michel Rabbia à deux français amoureux de l'Italie : Régis Huby au violon, et Bruno Chevillon à la contrebasse. Un disque intitulé « Reminiscence », et un répertoire signé des trois, et que l'on devine improvisé, mais dont la forme et les développements rappellent le meilleur des musique contemporaines écrites : le miracle du talent, du travail, de la concentration, de l'empathie et de l'extrême complicité. Bref pour ces funambules de l'improvisation (qui sont aussi des compositeurs), une étape de plus dans un parcours qui fait honneur à la musique (très) vivante.

Xavier Prévost


 

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