Plaisir intact et toujours renouvelé. Je file en voiture, dernière ligne droite et enfin je vois le panneau d’entrée de ville et les premières affiches des sponsors officiels.
Ca y est, je suis à Marciac, dans la place, heureux de retrouver la famille du jazz, les afficionados et l’ambiance toujours joyeuse et bon enfant de la petite ville du Gers.
La place du village commence à s’animer, ça sent le magret et les effluves de Plaimont nous font un peu tourner la tête à l’approche de la belle soirée qui s’annonce plutôt pas mal. Que du bon !
Ce qui nous attend ?
Une première partie de luxe avec Dave Holland-Zakir Hussain-Chris Potter et une deuxième avec le quarte de Pat Metheny. Rien que ça !
C’est l’alliance du lapin et de la carpe. Celle qui va de la profusion rythmique aux volutes harmoniques.
Côté fourmillements rythmiques, c’est le trio de Dave Holland-Zakir Hussain et Chris Potter.
Les polyrythmies s’affolent sous les doigts volubiles du tablaïste Zakir Hussain qui fait office de maître de cérémonie, véritable pièce maîtresse de ce trio. Ça vibre, ça pulse et ça frémit au son des tablas (peut être un peu trop surexposées à mon goût). Là dessus Chris Potter démontre qu’il n’a rien perdu de sa filiation Rollinsienne, adepte du gros son et d’un placement rythmique hallucinant. Et pour en rajouter une couche, Dave Holland impose un son à nul autre pareil. D’une formidable rondeur et d’une profondeur qui pose les bases solides de cette musique syncrétique, entre jazz et musique du monde. Les chorus du saxophoniste qu’il soit au ténor ou au soprano impressionnent toujours autant mais celui qui fait le show c’est un peu Zakir Hussain dont les caméras du festival parviennent à capter les grands yeux d’enfant un peu halluciné.
La magie est dans l’air.
Elle se poursuit ensuite avec le quartet de Pat Metheny. Aux commandes à côté de l’homme à l’éternelle marinière bleue et blanc, le Bad Hombre (*), le génie du drumming, Antonio Sanchez. La non moins géniale Linda May Han Oh est à la contrebasse. Et au piano, la gallois Gwilym Simock. En somme, les fidèles qui tournent depuis quelques temps avec Metheny, dans la configuration que les parisiens avaient vus à l’Olympia il y a un an. Le guitariste entame son concert avec son instrument étrange à plusieurs manches alliant la guitare et la mandoline ( de Linda Manzer je crois). Ça commence doucement, presque mollement, pas aidés par un son assez cotonneux au départ. Et puis, magie des concerts, ça vient, le son devient plus net et Metheny entre vraiment dans son concert. Et là ce ne sont que profusions harmoniques et mélodiques sur lesquelles le guitariste laisse traîner les notes, les caressent avec une rare subtilité. Gwilym Simeck se révèle, Linda May Han Oh prend ma musique à bras le corps et Antonio Sanchez allie les caresses et le tonnerre
Avec Metheny, comme toujours la virtuosité se dissout dans une sorte d’évidence musicale. Les lignes mélodiques restent flagrantes malgré ses déambulations harmoniques. Mais bon, cela vous le savez déjà……
La nuit sera étoilée.