THE JAMIE SAFT QUARTET
BLUE DREAM
RareNoise Records
Sortie le 29juin 2018
Jamie Saft (p), Bill McHenry (ts), Bradley Christopher Jones (accoustic bass), Nasheets Waits ( dms)
On se souvient du dernier Cd de ce pianiste en solo, sorti en février dernier sur le label anglais Rare Records : multi instrumentiste, ingénieur du son, compositeur, accompagnateur de Bobby Previte, Steve Swallow, Roswell Rudd, Dave Douglas, membre important de l'écurie John Zorn (Masada), Jamie Saft n'oublie pas d'être leader et cette fois, il revient avec un album en quartet, intitulé BLUE DREAM.
Comme dans son précédent album, SOLO A GENOVA, premier solo après 25 ans, où il se réinventait en faisant retour vers la musique américaine, "exemple d'art positif et avant-gardiste du monde"
Sur les douze compositions, neuf sont de son fait et permettent à son groupe d'improviser, de donner la pleine mesure de son talent avec un Nasheet Waits impérial qui peut brosser des arrière plans doux et soyeux, impressionnistes ("Words and Deeds") mais aussi user d'un drive des plus énergiques. Jamie Saft se livre aussi à une relecture de thèmes qui lui sont chers, une Americana sur mesure, influencée par le patrimoine historique musical nord-américain. On touche en quelque sorte à l'Adn de ce musicien marqué par la vitalité, la pulsation, un goût réel des musiques populaires ( "Sweet Lorraine"ORR.
Avec un hommage, dès l'ouverture, avec la composition originale "Vessels", à l'esprit du quartet Coltrane début années soixante, ou encore dans le splendide "Infinite compassion", le pianiste se souvient du passé dans l'exquis "Violet for furs" et parvient à restituer cet esprit mainstream, classique et si nostalgique. Le "Blue dream" qui suit, qui n'est pas un standard, s'intègre parfaitement à l'esprit du jazz : les musiciens connaissent leurs repères et savent s'en affranchir délicatement par une "mise à jour" intelligente.
Si ses modèles pianistiques sont Bill Evans, T.S Monk, Saft arrive à chercher et trouver sa liberté dans les nuances, la progression dynamique, le bouillonnement de son inspiration. Il laisse ses partenaires, bien choisis, suffisamment autonomes, dans des échanges qui prennent alors tout leur sens. Changements de tempi soudains, clarté et swing intriqués ( "Sweet Lorraine"), suavité des ballades au ténor, voilà une parfaite illustration d' une interactivité réussie, au lyrisme sobre, avec une expressivité jamais dépourvue d'émotion. Un album plus qu'agréable à découvrir, rafraîchissant en ce début d'été.
Sophie Chambon