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14 novembre 2018 3 14 /11 /novembre /2018 20:22

Martial Solal, Histoires improvisées (paroles et musique)
Martial Solal, piano. Studio de Meudon, 29 juin 2018. JMS/PIAS.

L’improvisation, voilà un exercice dans lequel excelle Martial Solal. Voici un quart de siècle, le pianiste avait laissé libre cours à son imagination au cours de concerts dominicaux au studio 106 de Radio France retransmis en direct sur les ondes. « Maître de l’expression musicale spontanée » (André Hodeir), « compositeur de l’instant »(Xavier Prévost), Solal s’attaquait alors aux standards parsemés de ses propres compositions. Jean-Marie Salhani, qui avait produit l’album recensant ces performances (Martial Solal improvise pour France Musique. 2 CD. JMS.1994), a de la suite dans les idées. Il a réussi à persuader l’interprète-compositeur de revenir sur sa décision de « refermer son piano avec l’intention de ne plus enregistrer, de ne plus paraître en public ». Une seule règle était imposée, choisir dans un chapeau parmi 52 petits papiers évoquant des personnes, des situations ayant compté dans sa vie, personnelle et artistique. Joignant le verbe –par une brève introduction, savoureuse, pour chaque titre- aux notes, Martial Solal nous présente ainsi ses mémoires aléatoires dans un pèle mêle où l’on retrouve des musiques de films (A bout de souffle, Léon Morin prêtre), des hommages à des géants (Ellington, Basie, Gillespie, Liszt), des souvenirs (Alger, sa ville natale, Lee Konitz), un coup de chapeau (Manuel Rocheman), sans oublier sa famille (charmante comptine à sa petite fille Amalia) pour s’achever sur un titre très Solalien, « N’importe où » (« je mets mes doigts n’importe où »). Le temps ne fait rien à l’affaire : Martial Solal (91 printemps), surprend, dépayse, amuse. « J’ai joué de la même façon que je le ferais chez moi, le matin, pour divaguer sur le clavier », confie-t-il dans le livret. On attend déjà la suite ; dans les « petits papiers » non dépliés, il reste entre autres Marius Constant, Madame Gharbi, son premier professeur de piano, André Hodeir, Village Vanguard- où il fit la réouverture du club après le 11 septembre- ou encore Aimé Barelli, trompettiste et chef d’orchestre populaire qui le fit travailler au début des années 50. Il est comme cela Martial Solal, il sort toujours quelque chose de son chapeau, ce que définit ainsi le dictionnaire « il trouve comme par magie un argument dont il a besoin ».
Jean-Louis Lemarchand
Martial Solal sera en concert en solo à la salle Gaveau (75008) le 23 janvier 2019.

 

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