Whirlwind 2019
Ingrid Jensen (tp), Steve Treseler (ts, cl, clb) , Geffrey Keezer (p), Martin Wind (b), Jon Wikan (dms), Katie Jacobson (vc), Christine Jensen (ss)
L’an passé nous nous étions esbaudis devant l’album que le trompettiste Dave Douglas et le saxophoniste Joe Lovano avaient consacré à Wayne Shorter.
Cette fois, ce sont deux grands musiciens qui rendent hommage à un autre immense compositeur, Kenny Wheeler.
Les deux musiciens ont eu l’occasion de collaborer plusieurs fois avec Kenny Wheeler et alors que la communauté du jazz était sous le choc de sa disparition, c’est un an après sa mort ( en 2015) qu’ils ont enregistré l’essentiel de ce sublime hommage.
Si l’album en lui même est une grande réussite cela tient à, plusieurs ingrédients.
Tout d’abord les compositions de Wheeler qui apparaissent ici dans un registre plus classique et presque Shorterien. Moins dans ce que nous avons l’habitude d’entendre mais dans une véritable relecture qui rend à Kenny Wheeler sa place dans les plus grands compositeurs de cette musique.
Mais le charme de cet album tient aussi à ce supplément d’âme que les deux maîtres d’oeuvre parviennent à lui insuffler en restant fidèles à leur propre personnalité jazzistique.
Et tout d’abord il y a là, la révélation d’une trompettiste absolument exceptionnelle que, pour dire le vrai , nous ne connaissions pas beaucoup si ce n’est par ses apparitions toujours flamboyantes dans l’orchestre de Maria Schneider. Totalement inspirée elle apporte à cet hommage autant de brillance que de profondeur, portant les compositions de Kenny Wheeler à de véritables sommets.
A 53 ans, elle apparaît comme une très grande de l’instrument, en totale maîtrise mais aussi en passion.
Son entente avec le saxophoniste de Seattle, Steve Treseler est fusionnelle. Les deux musiciens se connaissent parfaitement et l’on ne compte plus les collaborations qui les unissent. Le saxophoniste , élève de Jerry Bergonzi mais aussi de Bob Brookmeyer ( la référence de Maria Schneider) est lui aussi une véritable révélation. Saxophoniste soulful s’il en est Steve Treseler a des sonorités qui évoquent Michael Brecker
C’est dans un jeu de questions réponses que les deux musiciens fusionnent, échangent , dialoguent, contre-chantent pour faire de cet hommage une petite merveille.
Un disque rare à découvrir de toute urgence.
Il faudra suivre avec attention les possibles apparitions de cette formation sur la scène européenne. A ne manquer sous aucun prétexte.
Jean-Marc Gelin