ANTONY SOLER QUARTET
MELODY TO MY SKULL
DURANCE AS012019/ABSILONE- SOCADISC
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Voilà un excellent album qui est sorti le premier janvier dernier sur Label DURANCE, tout à fait étonnant car en regardant la pochette aux couleurs et rappels psychédéliques qui s’inspire beaucoup de celle de Sergent’s Pepper des Beatles, on ne s’attend pas du tout à ce qui va suivre. Cela commence par des reprises de chansons pop et disco d’ Earth Wind & Fire “ Star”, de Gainsbourg ( variation tonique au Fender de“La Javanaise” réussie ) et de Terry Moïse ( son premier single en 1996, “Les poèmes de Michelle” dans une reprise tendre et désolée).
Mais le répertoire devient plus original avec des chansons plus directement ancrées dans l’americana, compositions de “songwriters” de la West Coast actuelle, par exemple le duo “Pomplamoose” des jeunes époux très complices Jack Conte et Nataly Dawn... Ce qui permet au passage de découvrir une nouvelle génération de trentenaires, de quadras comme John Mayer “ Daughters”.
Le batteur Antony Soler a de qui tenir. Son père Alain SOLER, polyinstrumentiste et pédagogue réputé est fondateur de l’AMI(Atelier de musiques improvisées) lieu phare de création en PACA. Il est ingénieur son de formation et a fait partie du quartet d’André JAUME, une référence évidente. Il a su s’entourer de musiciens impeccables qui l’accompagnent avec un réel talent.
La musique est prenante : un groove lumineux, une certaine poésie folk et parfois un spleen très aérien. Sans déstructurations trop abruptes, ni fioritures inutiles mais un alliage fait des timbres de la basse électrique organique de Laurent David, clairement audible et du piano élégant d’Alexandre Saada. Thomas Puybasset aux divers saxophones est aussi impressionnant. Comparé aux chansons originales assez minimalistes, l’habillage jazz est tout indiqué pour donner de nouvelles couleurs, de la tendresse et de la chair à des mélodies simples sans être simplistes, un peu trop épurées peut être, interprétées à la guitare sèche. Elles prennent avec l’envol très haut perché du soprano, les ponctuations du piano, le drive énergique de la batterie, un autre sens, plus inventif et sophistiqué même, une réelle intensité. Elégance, subtilité et intelligence du jeu collectif, ces musiciens ont toutes ces qualités et ils accomplissent le tour de force de nous intéresser jusqu' au final impressionnant qui poursuit bien après le dernier suspens.
Tout un art de petites pièces libres, vives mais aussi intimistes, caressantes. Une belle découverte "régionale" qui ne devrait pas rester confinée aux limites de la PACA. Vivement conseillé en disque et … en concert!
Sophie CHAMBON