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1 mars 2019 5 01 /03 /mars /2019 18:00

 

Françoise Toullec (piano Opus 102)

Villethierry (Yonne), octobre 2018

Gazul Records GA 8874 / Muséa

 

Un disque très singulier, inspiré par l'Opus 102, piano hétérodoxe de 102 notes, à cordes parallèles et fortes dimensions (le piano fait 3 m de longueur), un instrument surgi de l'imagination et de l'artisanat d'exception de Stephen Paulello. Après plusieurs mois de travail dans le studio du pianiste-facteur de pianos, au Hameau du Coquin, Françoise Toullec s'est sentie prête à exprimer, dans l'improvisation comme dans la composition, tout ce qu'elle a pu extraire de cet instrument d'exception. Plutôt que de faire parler les accessoires dont elle use couramment dans ses préparations du piano (vis, pinces et autres chevilles), la pianiste s'est tournée vers d'autres objets (baguettes de xylophone, verre, plectre, et aussi un archet électronique qui met en résonance les cordes, le e-bow, qui a inspiré le titre du CD, «Un Hibou sur les cordes». Et elle a surtout pris le parti de faire entendre au maximum les qualités de l'instrument : profondes résonances des cordes très longues, riches harmoniques sublimées par une structure dépourvue d'entretoises, et de belles couleurs dans tous les registres. On part de profondes oscillations dans les notes graves pour gagner des couleurs transparentes d'accords dans le haut médium, chaque son est comme une aventure pour la musicienne, et nous partons avec elle à la conquête de l'inouï. On s'aventure alors vers de sinueuses lignes qui jouent avec les tonalités avant de glisser dans monde des accords, pour bifurquer ensuite vers de nouveaux jeux sonores. Puis viennent des sons qui résonnent en majesté, sur tout le spectre : beauté du son, souci de laisser sonner et vivre. Vient un hululement qui laisse augurer quelque nouveau mystère, et l'excursion se poursuit dans les profondeurs de ce piano hors-norme. Et ainsi de suite de plage en plage, de traits contemporains en accords mystérieux : c'est fascinant, et d'une totale singularité, pour nous rappeler que le singulier est la voix d'accès, royale, qui conduit à l'art, l'art à l'œuvre.

Xavier Prévost

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