SEBASTIEN PAINDESTRE - ATLANTICO : « New eastern island »
La Fabrica’son 2019
Sébastien Paindestre (p, compos); Dave Schroeder: (chromatic harmonica, Mongolia ever buree, piccolo, bass flute, soprano saxophone, compos); Martin Wind (cb); Billy Drummond (dms); Janis Siegel (voc (2)); Billy Drewes (ss(1)).
Sebastien Paindestre n’a pas définitivement tourné la page Radiohead. Il y reviendra pour un 3eme opus mais pas tout de suite. Dans l’immédiat Sébastien Paindestre affirme surtout ici qu’il est avant tout un jazzman avec ses traditions et ses influences.
« New Eastern Island », le nouvel album d’Atlantico son groupe transatlantique est avant tout celui d’une rencontre, avec le saxophoniste Dave Shroeder, véritable référence du jazz New-Yorkais, impliqué dans toutes les grandes institutions du jazz de big apple. Shroeder s’est en effet pris d’affection pour Sebastien Paindestre depuis le premier album réalisé ensemble ( « En rouge ») et publié en 2016. Au point aussi de lui ouvrir en grand les portes d’un studio New-yorkais et d’aller jusqu’à produire lui-même l’album. Une histoire d’affinité musicale et d’amitié.
Sebastien Paindestre est arrivé de l’autre côté de l’atlantique avec ses compositions en poche ( auxquelles le saxophoniste a aussi contribué) et accompagné d’une formation de haut vol en associant au projet une rythmique de très très haute facture avec Martin Wind à la contrebasse et l’immense Bill Drummond à la batterie.
Et le résultat est à la hauteur de l’affiche. « New Eastern island » se moque des sentiers battus et des clichés du jazz pour offrir une musique ouverte porteuse d’une réelle identité.
Par le talent de ses acteurs et par le choix de l’instrument qui évolue au fil des thèmes en associant parfois le sax soprano superlatif de Shroeder, parfois l’harmonica du même Shroeder ( sur les traces de l’harmoniciste belge Toots Thielmenans) ou encore la flute de Janis Siegel, Sebastien Paindestre parvient à créée un univers protéiforme porté aussi par des compositions dans lesquelles la nostalgie n’a pas de place.
Car il s’agit bien d’un album porté par un vent frais qui regarde le monde avec une formidable envie de jouer juste pour le plaisir. Il y affirme qu’il y a une autre voie dans le jazz . Ni américain, ni européen mais quelque part au milieu de l'océan. Au delà aussi des postures post-coltraniennes ou Neo-colemaniennes. Car c'est effectivement une musique inspirée qu'il propose ici.
Pas un moment d’ennui tout au long de cet album ou l’on s’épate tant des compositions que du jeu des solistes qui contrent à créer cet univers « open mind »avec un souci du détail et du jouer ensemble. Il n’est que d’entendre cette formidable rythmique qui assoit la musique sur des bases aussi solides que vibrantes.
New Eastern Island montre peut être la voie. Celle d’un jazz épuré et riche à la fois.
Une réussite.
Jean-Marc Gelin