Bois de Boulogne. Avenue du Mahatma Gandhi. 3 juillet.
La veille, il a soufflé ses 89 bougies. Quand il monte sur la scène de l’auditorium de la Fondation Louis Vuitton, Ahmad Jamal esquisse un sourire d’enfant et attaque « Marseille », titre central de son dernier album éponyme de 2017. (Jazz Village/PIAS).
Ses trois compères –Jammes Cammack (basse), Herlin Riley (batterie) et Manolo Badrena (percussions) affichent une mine réjouie qui ne les lâchera pas une heure durant. Dans le public, une spectatrice apprécie spécialement, Mina Agossi qui chantait Marseille dans le disque précité.
Devenu rare en France, Ahmad Jamal est de retour. L’architecte des sons mène sa prestation avec brio et détermination sans oublier ces changements de rythme qui enchantent les spectateurs de cette soirée privée (VIP, dirigeants d’entreprises, médias). Même Poinciana, des milliers de fois joués, (« mon thème-fétiche depuis 1958 et l’enregistrement au Pershing de Chicago », déclare le pianiste à Jazz Magazine ce mois-ci), révèle des surprises à ses fans les plus aguerris (dont l’auteur de ces lignes). Une réelle joie communicative s’installe dans cet auditorium de taille humaine -320 fauteuils- qui s’ouvre, par une large baie vitrée sur la cascade d’eau du musée signé par Frank Gehry et le ciel étoilé de cette soirée estivale.
Les standards alternent avec les compositions personnelles du maître de Pittsburgh. Entre ces quatre musiciens, des dizaines d’années de complicité s’expriment dans le moindre détail. Un régal à l’état pur servi par un artiste en mouvement perpétuel. En 2006, Ahmad Jamal nous confiait « Je n’aime pas la mélancolie et j’essaie de ne pas avoir de regrets. C’est dangereux, les regrets ».
Jean-Louis Lemarchand.
Ahmad Jamal. Concerts à la Fondation Luis Vuitton les 4 et 6 juillet (complet) fondationlouisvuitton.fr et le 4 août au festival Jazz in Marciac avec en première partie le pianiste azéri Shahin Novrasli (dont Jamal est le producteur).
Le 13 septembre, sortie chez Jazz Village/PIAS de ‘Ballades’, disque en solo d’Ahmad Jamal et de ‘From Baku to New York City’ de Shahin Novrasli.