MIGUEL ZENON : « Sonero, the music of Ismael Rivera »
Miguel Zenón (as); Luis Perdomo (p); Hans Glawischnig (cb); Henry Cole( dms)
Miel Music 2019
Un peu décevant.
Aïe, pas sur la tête ! On a bien conscience qu’en se montrant un peu déçus par ce nouvel album de Zenon l’on risque de se mettre à dos tout le fan club du saxophoniste porto-ricain. Et de fait, s’il a les apparences d’un petit bijou qui ne manquera pas de séduire, ce nouvel album de Zenon nous lasse néanmoins un peu sur notre faim.
Bon, (re)disons le tout net : Miguel Zenon est un saxophoniste au lyrisme superlatif ! La cause est entendue. L’un des plus grands. Ce qu’il livre ici met la barre très très haut dans l’inspiration lyrique des grands saxophonistes. Il faut dire qu’il y a des sujets qui l’inspirent et semblent le porter aux tripes. C’est qu’il est toujours dans une sorte de quête identitaire Miguel Zenon et qu’il ne cesse en effet de jeter des ponts entre le jazz et ses origines portoricaines. Et ceci album après album.
Ici, c'est de la musique du chanteur-compositeur Ismael Rivera (1031-1987) dont il s'agit.
Et dans ce registre, il faut bien le dire, Zenon est un alchimiste pour transformer en jazz la musique de ses propres racines.
Avec une fougue et un souffle Parkerien, le saxophoniste fait ainsi s'envoler les volutes mélodiques dans une sorte de monologue intérieur et néanmoins passionné.
Ca brûle autant que ça caresse, ça emporte dans un flot d’émotion intérieure. Ca embrase.
Mais parce que cette quête identitaire est une affaire personnelle, Miguel Zenon en devient un poil égocentré, ne livrant pas une musique ouverte et offerte mais laissant libre cours au plaisir très intime de l'improvisation lyrique. Miguel Zenon est certes un saxophoniste parkerien mais sa mise en avant occulte parfois la force d'un groupe qui pourtant est composé de trois autres musiciens de haute volée. Et c’est ce discours intérieur qui nous place parfois dans la position de spectateur ébahis, envahis mais étranger à cette histoire distanciée.
Jean-Marc Gelin