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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 17:14

Leïla Olivesi (piano, composition), Chloé Cailleton (voix), Quentin Ghomari (trompette, bugle), Baptiste Herbin (saxophone alto, flûte), Adrien Sanchez (saxophone ténor), Jean-Charles Richard (saxophone baryton), Glenn Ferris (trombone), Manu Codjia (guitare), Yoni Zelnik (contrebasse), Donald Kontomanou (batterie)

Meudon, 2-4 janvier 2019

ACEL & Attention Fragile AC5LSA387 / l'autre distribution

 

Le disque commence avec Satin Doll, dans un arrangement très renouvelé, et par la voix de Chloé Cailleton, qui dose avec une grande pertinence la fragilité et l'assurance. Ce début n'est évidemment pas un hasard. Leïla Olivesi adore la musique d'Ellington et Strayhorn, à laquelle d'ailleurs elle a consacré quelques belles conférences, en compagnie de Claude Carrière, dans le cadre de la Maison du Duke. Et c'est plus qu'un hasard sans doute si Carrière signe le texte du livret, qui éclaire très bien la singularité de cette musique. Le reste du disque est composé par la pianiste, et l'on n'est pas surpris de constater que cet univers est habitée de sinuosités mélodico-harmoniques qui évoquent un peu la musique de Strayhorn, tout en œuvrant pleinement dans le langage d'aujourd'hui. D'ailleurs je soupçonne Leïla Olivesi d'avoir, plus encore que pour le Duke, une passion secrète pour Sweet Pea, comme l'appelaient ses amis musiciens. C'est brillamment composé, avec un indéniable sens de la forme, et pensé en relation exacte avec les personnalités des musiciens sollicités : belle brochette de grands solistes, que l'on sent motivés par la qualité de l'écriture, et qui s'ébattent aussi avec une grande liberté dans les improvisations. Au centre du répertoire une suite qui fait écho aux eaux turquoises de la Mer d'Andaman, au large de la Thaïlande de la Malaisie. Une partition que l'on avait découverte voici plus d'un an en club, et en quintette, et qui dans l'orchestration étendue tient ses promesses. Dans une courte plage en solo, la pianiste fait revivre l'esprit des méditations ellingtoniennes, avant que le disque ne bifurque vers l'Afrique et ses déserts. En cours de route on avait croisé un bel hommage à la grande musicienne qu'était Geri Allen, et en coda du CD une mélancolie qui remue en moi le souvenir de Goodbye Pork Pie Hat. Bref c'est une vraie belle œuvre d'artiste, que l'on sent méditée de longtemps, et qui s'épanouit dans l'effervescence du partage musical et de l'improvisation. Grande réussite, dont on espère qu'elle viendra jusqu'aux oreilles, parfois un peu distraites, ou paresseuses, des notabilités festivalières....

Xavier Prévost

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Le groupe au grand complet jouera le 6 novembre 2019 à Paris, au Studio de l'Ermitage

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