Le festival s'est terminé le samedi 16 novembre. Jean-Marc Gélin vous a parlé de la journée du 15 dans une toute récente chronique (ici). Reprenons le fil là j'avais abandonné mon précédent compte-rendu (lequel se trouve là).
La journée du 12 novembre avait commencé vers midi dans la petite salle de La Maison (….de la cuture) avec 'Cluster table', un duo de percussions qui associe Sylvain Lemêtre et Benjamin Flament, face à deux tables en vis-à-vis couvertes d'une nuée d'instruments et d'objets : impressionnant d'invention, de précision, de liberté et de vie.
Puis ce fut à 18h30, au même endroit, le trio du pianiste Damien Groleau, un jeune musicien de Besançon entouré de Sylvain Dubrez ert Nicolas Grupp : des compositions originales, une reprise de Bill Evans, le terrain de jeu d'un musicien qui a publié son troisème disque et trouve ses marques en se frottant aux grandes scènes. Work in progress, comme on dit en bon franglais.
Au théâtre municipal la soirée accueille 'Le Cri du Caire', du poète-chanteur-slammeur-compositeur Abdullah Miniawy. Très belle présence, des textes de lyrisme et de combat dont la traduction à deux moments nous est donnée en voix off. Forte intensité, soutenue par la trompette d'Éric Truffaz, le saxophone de Peter Corser et le violoncelle de Karsten Hochapfel. Moment fort assurément, qui marquera la mémoire des présents.
Le lendemain 13 novembre, le concert de la mi-journée se donnait au théâtre avec la chanteuse-accordéoniste Erika Stucky. Lieu idéal, car autant que de musique il s'agissait d'un spectacle intitulé 'Ping-Pong', une sorte de théâtre musical plein de vie et de fantaisie. Son partenaire Knut Jensen, à l'interface électronique, avec renfort d'un petit clavier et d'un ukulélé, est plus qu'un faire valoir : le révélateur des fantaisies et autres folies. Le jazz et le yodel des Alpes suisses se mêlent à mille et une fantaisies visuelles, à des récits drolatiques et à une chaleureuse communication avec le public : réjouissant, et très musical.
À 18h30, retour à al petite salle de La Maison (…. de la culture) pour un quintette emmené par le clarinettiste-saxophoniste Clément Gibert. C'est un groupe de l'ARFI de Lyon (Association à la Recherche d'un Folklore Imaginaire) qui se propose de revisiter la musique d'Eric Dolphy sous le titre mystérieux d'InDOLPHYlités. Il s'agit en fait d'un hommage sans dévotion, d'un amour sans servitude. Jouer la musique du disque «Out to Lunch», avec un amour dont la liberté tolère l'infidélité pertinente, le détour complice. Le batteur est un historique de l'ARFI, Christian Rollet. Il est entouré d'une jeune génération, avec la vibraphoniste Mélissa Acchiardi, le trompettiste Guillaume Grenard, et le contrebassiste Christophe Gauvert : très belle réussite que cette création, que l'on espère réentendre et sur scène et sur disque.
Migration le soir vers le Théâtre municipal pour écouter à 21h le trio du pianiste Shai Maestro (avec Jorge Roeder et Ofri Nehemya). Beaucoup d'effets de dynamique, de tourneries obsédantes, et finalement assez peu de véritable engagement sans arrière-pensées fédératrices.... mais il y eut quand même, çà et là, quelques beaux moments de musique.
Le 14 novembre commença pour nous autour de midi dans la petite salle de La Maison (…. de la culture) avec un duo qui conjugue à merveille virtuosité, sophistication musicale et lyrisme palpable, direct, qui touche au but sans flagorner ni racoler. Christophe Monniot, aux saxophones, et Didier Ithursarry, à l'accordéon, sont deux sorciers de l'émoi et de l'intensité musicale. Le disque «Hymnes à l'amour» (ONJ Records / l'autre distribution) en apportait la preuve éclatante. Il est dommage que les scènes des festivals les fassent si peu entendre.
Le même jour au Théâtre municipal, en fin d'après-midi, Géraldine Laurent présentait son quartette, avec Baptiste Trotignon qui remplaçait Paul Lay, retenu auprès d'Éric Le Lann par un engagement antérieur, et les partenaires habituels : Yoni Zelnik à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie. Engagement musical, imagination, absolue cohérence dans le discours musical, même à l'instant le plus enflammé : formidable !
Et le soir dans la grande salle de La Maison (…. de la culture), le Trio Orbit : Stéphan Oliva, Sébastien Boisseau & Tom Rainey : délicat et intense, dans un trilogue permanent qui force l'admiration.
Puis en fin de soirée l'Orchestre National de Jazz dans son programme autour d'Ornette Coleman et de sa galaxie (Dolphy, Julius Hemphill, Tim Berne....) : dans des arrangements de Fred Pallem et sous la direction de Frédéric Maurin, un feu d'artifice d'envolées audacieuses et de solistes percutant(e)s.
Pour le lendemain 15 novembre, c'est l'ami Jean-Marc Gélin qui vous conte la journée (en suivant ce lien).
Et enfin le 16 novembre, pour le bouquet final, nous avons écouté le midi à la Maison (…. de la culture) le trio NES de la chanteuse-violoncelliste Nesrine Belmokh : textes fervents, en anglais, arabe et français, dans des univers musicaux pluriels, soutenus par Matthieu Saglio au violoncelle et David Gadea aux percussions. Encore une belle découverte. En fin d'après-midi, dans l'espace café-concert du même lieu, nous avons découvert un jeune quintette de la région, Les Snoopies (4 sax et une batterie) : un groupe plus que prometteur.
Et le soir, dans la grande salle, d'abord André Minvielle & Papanosh (Quentin Ghomari, Raphaël Quenehen, Thibault Cellier & Jérémie Piazza). Ils ont rendu un hommage décoiffant, joyeux et musical à Jacques Prévert.
©Maxim François
Pour conclure ce fut, très attendue, la chanteuse Youn Sun Nah, en trio avec Tomek Miernowski et Rémi Vignolo, deux poly-instrumentistes qui lui ont offert un écrin pour toutes les facettes de son récital : country, pop sophistiquée, rock parfois explosif, chanson française, espagnolades. Un vrai show, presque 'variété internationale de haut niveau', mais avec quand même de vrais moments d'émotion(s).
Xavier Prévost