EDOUARD BINEAU & OSEFH QUINTET
SECRET WORLD
Edouard Bineau Production/Idealand Production
Distribution ABSILONE
SORTIE LE 28 FEVRIER
Dans de savoureuses notes de pochette, l’ami Pascal Anquetil renouvelle son attachement à ce musicien discret mais lyrique, découvert en 2001, sur le chouette label de JJ. PUSSIAU !
J’ai attendu quant à moi plus longtemps et c’est en 2007, grâce au Chant du Monde que j’ai entendu pour la première fois L’obsessionniste, en duo avec Sébastien Texier, titre magnifique en hommage au Facteur Cheval et à son Palais. J’ai prolongé ma découverte avec Wared (anagramme d’ Edward) en 2010 mais je n’ai pas observé la révélation que fut la rencontre du pianiste avec l’harmoniciste J.J.Milteau qui allait en quelque sorte le faire changer de route, dès son Bluezz en 2014.
Car, avec ce quintet OSEFH (O pour Oscar, S pour Sébastien etc ) qui décline les initiales des prénoms de ses compagnons de route, Edouard Bineau change d’orientation et surtout d’instrumentation: il joue à présent non seulement du piano mais aussi de l’harmonica diatonique (formidable blues sur “Attrape moi”) et s’entoure de deux soufflants, le fidèle Sébastien Texier, fils de “Sir Henri” à l’ alto et à la clarinette et son jeune fils Oscar (ténor et soprano) qu’il fait entrer dans la danse. Car cet album célèbre le groove, sans batterie, avec l’aide de François Constantin aux percussions et Henri Dorina à la basse électrique. Plus qu’un tapis moelleux et charnu, leur assise permet aux solistes de s’envoler, de se livrer à des échappées libres avant de retomber parfaitement en place, comme à la fin impeccable de “Mister C”.
C’est à partir de la deuxième partie de l’album que le pianiste revient aux commandes, de concert avec les soufflants qui unissent leurs lignes. Quelle délicatesse dans la mélodie du fiston, “La nymphe de Sibérie” qui traduit une impression diffuse et néanmoins lumineuse de sourde mélancolie que prolonge encore le court “Zéphyr”.
De la poésie au coeur d’une certaine esthétique, un ressourcement sans effets décoratifs, une couleur essentielle jusqu’au final éponyme du titre de l’album, pas si secret, car il révèle le monde frais, percutant et doux de Mr. E.B.
Sophie Chambon