SHANG ZIMING QUARTET : « Bridge of soul »
2020
Christophe Monniot (saxs), Dezsö Olàh (p), Peter Olàh (cb), Shang Ziming (dms)
C’est une sorte de hasard qui fait bien les choses. Magnifiquement bien.
Juste un petit message sur Messenger de Christophe Monniot (mon idole de saxophoniste !) m’informant de l’album qu’il vient de publier sous le nom du batteur chinois Shang Ziming qui, je l’avoue humblement m’était jusqu’alors totalement inconnu.
Ne résistant pas à ma passion pour ce saxophoniste je me suis donc empressé d’ouvrir le lien qu’il m’avait envoyé et là ….. le choc mes amis ! Non, je vous jure, le choc !
Depuis quand n’avais-je pas entendu une formation de cette intensité, de cette force ? De ce genre de formation où tout semble aussi naturel qu’exceptionnel. Où ça joue comme jamais.
Quand tout, absolument tout se retrouve pour porter le jazz vers ses sommets !
Shang Ziming et les deux Olàh formaient déjà un trio ensemble, qui a tourné plusieurs fois en Chine. Ils se sont intéressés à Monniot après que ce dernier a enregistré « Density of Standards » sur le label hongrois BMC, sous le lead du père des musiciens tziganes hongrois actuels, Bela Szakcsi Lakatos. Une première rencontre s’est faite sur un répertoire écrit par Dezso Olah début février 2020 au festival de jazz de Budapest. Ces morceaux existant déjà sur le 1er album de Dezso. Dans la foulée le quartet enregistre à Budapest les 26 et 27 février 2020.
C’est un quartet de rêve dont il s’agit ici, mené par l’absolument incroyable batteur chinois, Shang Ziming (qui enseigne par ailleurs dans une grande université du nord de la Chine) et qui regroupe outre notre Monniot national, un pianiste hongrois absolument fabuleux (Dezsö Olah) et un non moins superlatif contre-bassiste Peter Oláh ( de la même nationalité mais sans lien de parenté).
À eux quatre, ils forment un véritable power quartet de très très haute volée digne des plus grandes formations de jazz. Où chacun pris individuellement y excelle tout en donnant force à un collectif hors du commun.
Il faut écouter sur ce bien mal nommé -30° la ligne de basse de Peter Olàh et le drive brûlant de Shang Ziming ( à écouter aussi, surnaturel sur Invisible door – mais d’où sort cet énergumène ? de l’espace assurément !). Il faut entendre l'intelligence du jeu du pianiste Dezso Olàh sur Night in Budapest et encore les enluminures du batteur.
Ecouter aussi cette intelligence collective sur Dream theater emporté par la fougue de Monniot suivi l'apaisement lorsque le rideau tombe ( et toujours et encore ce drumming de folie de très haute volée )
Et Monniot ! Vous dire encore et encore qu’il s’agit certainement, et selon moi du plus grand saxophoniste de la scène hexagonale. Capable de mettre le feu sur toutes les hanches.
Ecouter où il emmène son soprano sur - 30°. Avec une telle intensité cela devrait fondre vite !
Monniot exprime tout, toute la palette de ce qu'il peut exprimer. On l'entend chanter, s'échapper libre, rugir, caresser, pointer et piquer. Il y a de la fougue et du lyrisme maîtrisé. Grand saxophoniste !
Entre écriture et libres improvisations cet album témoigne avant tout d'une vraie rencontre entre des musiciens qui ont la musique en partage avec un sens du jazz en commun. Hors du commun. Grâce à Monniot nous découvrons ici des jazzmen que nous n'aurions certainement pas écouté sinon. Non, le monde du jazz ne tourne pas autour des américains et de la France. Il franchit toutes les frontières. Merci de ce rappel.
A tous les programmateurs : quand le déconfinnement sera une réalité, ne passez pas à côté de cette véritable révélation d’un immense groupe qui devrait mettre le feu sur toutes les scènes où il passera.
Choc absolu !
Jean-marc Gelin