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3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 21:59

David Patrois (vibraphone, balafon), Pierre Marcault (percussions), Boris Blanchet (saxophones ténor & soprano), Blaise Chevallier (contrebasse, guitare basse), Philippe Gleizes (batterie)

Les Lilas (Seine-Saint-Denis), 25-27 septembre 2019

Arts et Spectacles ASCD 190902 / Socadisc

 

Les retrouvailles de David Patrois et Pierre Marcault, presque 30 ans après la création, au festival Présences de Radio France en 1998, de Sur le Fil, une pièce pour vibraphone et percussions incluse dans un concert intitulé 'Lames en Transit', diffusé en direct sur France Musique, où les autres vibraphonistes-compositeurs invités étaient Philippe Macé et Franck Tortiller. David Patrois et Pierre Marcault se retrouvèrent ensuite en trio avec Jean-Jacques Avenel (disque «Another Trio»). Les voici à nouveau réunis pour un quintette, avec les incendiaires notoires que sont Boris Blanchet et Philippe Gleizes, soutenus par les basses de Blaise Chevallier, qui succède à Géraud Portal, bassiste des premiers moments du groupe. Le disque a été enregistré au Triton, où avait déjà joué le groupe dans sa configuration originelle. La musique procède des sources qui ont nourri ces musiciens, entre l'Afrique de toujours et les énergies nouvelles du jazz des années 60-70. Dans la vidéo de présentation du quintette, David Patrois revendique comme vibration inspirante le Miles des années 70, Coltrane, et aussi les début de Weather Report. En contrepoint Pierre Marcault insiste à juste raison sur le fait que l'identité du groupe réside aussi dans ses membres. Il en résulte une sorte de tension poétique entre ces sources multiples, tension attisée par la personnalité incandescente de Boris Blanchet et le tandem batterie-percussions où le rôle de Philippe Gleizes est essentiel. Entre un balafon chromatique, qui combine le son des sources avec le confort moderne de la musique occidentale, et un vibraphone dont David Patrois est l'un des Maîtres sous nos latitudes, la combinaison est idéale pour dialoguer avec le couple percussif. Quant à Blaise Chevallier, que ce soit à la contrebasse ou à la guitare basse, il est un tison de l'effervescence autant que l'arbitre des élégances. La première plage commence en impressions d'Afrique, entre balafon et percussions, pour s'engager bien vite dans les harmonies du jazz. Mais le son percussif reprend ses droits, et le dialogue va se poursuivre entre les deux pôles qui inspirent cette musique. Sur tempo lent ensuite, le saxophone va nous dire les sortilèges sonores du Continent Noir, en dialogue avec les tambours. Et là encore la musique va prendre son essor vers d'autres cieux. Le ballet va se poursuivre au fil des plages entre ces deux mondes. David Patrois signe 9 des 12 tites, et Pierre Marcault a composé les trois autres, dont le thème conclusif, Famoudou, comme un clin d'œil à Don Moye, percussionniste de l'Art Ensemble of Chicago (en fait une évocation de Famoudou Konaté, Maître percussionniste Guinéen auquel Don Moye rendait hommage en reprenant son nom). L'écoute et la connivence musicale sont au rendez-vous, et le trop rare Boris Blanchet nous fait regretter, une fois de plus, de ne pas l'entendre plus souvent. Cette occasion est trop belle, et ce disque est en tout point une réussite, sur le plan du projet comme sur celui de sa réalisation ; sur le plan de la conception musicale comme sur celui des solistes.

Xavier Prévost

 

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commentaires

B
Magnifique critique pour un non moins magnifique disque. Merci !
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