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1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 23:43

JAZZ AT LINCOLN CENTER :" The music of Wayne Shorter"
Blue Engine 2020-


Wayne Shorter (ts,ss), Sherman Irby (as,ss,fl, piccolo, clb), Ted Nash (as, ts,fl, piccl, clb), Victor Goines (ts, cl, clb), Walter Banding ts,ss, clb), Paul Nedzella (bs,as, clb), RyanKisor (tp), Kenny Rampton (tp), Wynton Marsalis (tp), Vincent Gardner (tb), Chris Crensaw (tb), Elliot Mason (tb), Dan Nimmer (p), Carlos henriquez (cb), Ali Jackson (dms)

 

Au premier abord et à la première écoute, on serait tenté de se dire : mais qu’est venu faire Wayne Shorter dans cette galère ?
On sait que le Jazz at Lincoln Center a l’habitude de ces concerts où il est question de rendre hommage aux grands noms du jazz.  Avec ce concert enregistré en 2015, la tâche était un peu particulière puisque non seulement il ne s’agissait pas d’un hommage posthume mais surtout que Wayne Shorter etait lui-même le propre acteur de ce concert où il tenait les solos de bout en bout.
Le répertoire de Wayne Shorter joué ici est essentiellement tiré de la période Blue Note sauf Endangered species et The three maria’s qui viennent de l’album Atlantis ( 1985). Les arrangements en revanche sont tous signés d’un membre du JALC et s’inscrivent  plus dans l’esthétique du fameux big band de Wynton Marsalis que dans celui souvent mystérieux du saxophoniste de Newark ( New Jersey).
À coup sûr il peut y avoir débat. En effet on peut prendre cet album pour une dénaturation complète de l’œuvre de Shorter ou bien si l’on regarde par l’autre bout, le prendre comme une relecture sous un angle différent au gré des arrangements de Chris Crenshaw qui permettent ainsi de donner un éclairage nouveau à l’œuvre Shorterienne.  Mais finalement, dans la mesure où Wayne Shorter lui même y est consentant, il  n’y a rien à y redire. Le débat est clos puisque le mieux à même de respecter l’œuvre de Shorter, c’est bien Shorter lui-même.
Et ce qui frappe alors, c’est le génie des compositions du saxophoniste dont la matière s’accommode aussi bien à l’esprit de Duke Ellington  ( p.ex la version de Contemplation) qu’à celui des big band de Thad Jones. La grosse  Cadillac conduite par Wynton Marsalis, superbement rodée et huilée se met en route et déroule sous les pieds du maître, un tapis d’honneur comme sur Hammer head composé par Shorter et tiré de l’album réalisé en 1964 sous l’égide d’Art Balkey et des Jazz Messengers. Shorter a l’air d’apprécier et il suffit d’entendre son jeu libéré pour comprendre qu’à 87 ans,  il n’a rien oublié de ses 31 piges de l’époque.
Quand à l’orchestre de Marsalis, comme toujours cela vole haut  avec cette masse orchestrale qui swingue et ses solistes exceptionnels.
Alors Shorter se prête au jeu, flamboie comme jamais, prend assise sur ce magnifique big band, survole le sujet au soprano comme au ténor et semble jubiler comme un gamin de cette reconnaissance. Les années n’ont pas de prise sur Shorter et l’on reste impressionné par son jeu qui ne faiblit pas, ni en intensité (ecouter Endangered species tout en urgence et en diable) ni en intention.
Et si vous avez un peu de curiosité, écoutez donc en parallèle les versions originales. Vous les préférerez bien certainement. Mais vous verrez que finalement Wynton Marsalis reste assez fidèle à ses idoles.
Ce moment où cet orchestre rend enfin hommage à l’une des grandes incarnations du jazz est en tout cas assez émouvant et à prendre pour ce qu’il est. La marque du respect mutuel qui unit Wayne Shorter à Wynton Marsalis.
Jean-Marc Gelin

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