TINEKE POSTMA : « Freya »
Edition 1150
Tineke Postam ( as,ss) , Ralph Alessi (tp), Kris Davis (p), Matthew Brewer (cb, b), Dan Weiss (dms)
La pianiste néerlandaise n’est pas une femme pressée. A 42 ans, Tineke Postma n’a en effet enregistré que 6 album en studio lorsque d’autres musiciens du même âge les comptent par dizaine. C’est que, pour Tineke Postma, sortir un nouvel album, cela demande du temps, de la maturation, de la maturité.
Et c’est bien de cela dont il s’agit puisque ce nouvel album s ‘inscrit après un long break familial que s’est imposée la saxophoniste depuis 2014. Et aujourd’hui c’est un peu sa vision de la constition de ce noyau familial qu’elle livre au travers de « Freya »
Freya, dans la mythologie Viking, est une déesse Nordique qui symbolise à la fois la femme, la fertilité mais aussi la maîtresse que tous les hommes convoitent, l’amour, la luxure et la magie. Partant de là, ce que dit Tineke Postam porte tout sauf la douceur angélique et béate mais plutôt une expression libre, parfois primale et terriblement vivante. Alors, comme dans cette famille ensemble, les acteurs de ce qui se joue interagissent, échangent, changent de place et de rôle dans une sorte de mouvement perpétuel et permanent. Il n’y a pas de silences parce que tous les élements sont en communication constante, en questions-réponses, en avancé de l’un lorsque les autres soutiennent. Toujours fascinant parce que toujours en mouvement. Les acteurs bougent sur scène et c’est cela qui imprime le rythme. Jamais vraiment là où on les attend. Parce que la musique, entre écriture et improvisations atonales est basée sur l’esquive, puis la rencontre frontale et de l’échange. Pas de confinement mais au contraire du mélange.
La saxophoniste reconnaît s’être largement inspiré de la musique du légendaire groupe avant gardiste de Chicago, l’Art Ensemble de Lester Bowie et Roscoe Mitchell dont l’âme etait elle-meme nourrie du quartet d’Ornette Coleman et de Don Cherry. On y retrouve la même flamme qui tourne autour d’une musique atonale et déstructurée. Toujours inattendue. Dans cet exercice Ralph Alessi brille de mille feux. Donne à l’album une dimension explosive. Et Tineke Postma au langage un peu plus souple y apporte une réelle intériorité.
A découvrir avec urgence.
Jean-marc Gelin