Andy Emler (piano et compositions), Naïssam Jalal (flute et voix), Aïda Nosrat (voix), Rhoda Scott (voix), Thomas de Pourquery (voix), Phil Reptil (sound design), Ballaké Sissoko (kora), Aminata « Nakou » Drame (voix), Claude Tchamitchian (basse), Géraldine Laurent (saxophone alto), Hervé Fontaine (voix) et Nguyên Lê (guitare électrique). enregistré au Studio La Buissonne et au Studio Sextan à La Fonderie, Malakoff (entre février 2019 et janvier 2020).
La Buissonne / PIAS / ECM Records. Août 2020 .
No solo.
Andy Emler s’explique.
Alors que tant de pianistes un jour ou une nuit se lancent dans cet exercice sans filet, il n’a jamais ressenti cette impérieuse envie en quarante ans de métier. « Je ne m’entraîne pas huit heures par jour, les exercices ont tendance à m’ennuyer et je ne prends jamais de solos dans les groupes ».
Voilà qui est dit. Reste que le fondateur du MegaOctet n’a rien d’un sectaire. On relève dans son abondante discographie un album en solo (For Better Times, 2008) et il se produira en solitaire le 7 novembre prochain à Argences en Aubrac (Aveyron).
Le disque ici chroniqué débute d’ailleurs par deux compositions en solo dont un bien nommé Warm Up. Cet exercice d’échauffement passé, nous entrons dans le vif de l’œuvre. Evoquons tout d’abord sa genèse. Fin 2018, devant annuler un concert en grande formation, Andy Emler s’installe au studio La Buissonne à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) devant un grand Steinway. Et là il enregistre des pièces pour piano et solistes.
La liste de ses comparses de jeu est dans sa tête. La diversité y règne. Qu’on en juge : des jazz(wo)men à temps complet (Géraldine Laurent, Rhoda Scott, Claude Tchamitchian, Thomas de Pourquery), des musiciens du monde (Nguyên Lê, Ballaké Sissoko), des voix venues d’ailleurs (l’iranienne Aïda Nosrat, la malienne Nakou Drame). Andy Emler a écrit une partie pour chacun de ses invités et a dirigé la séance finale dans un studio francilien. Son seul mot d’ordre : soyez zen et jouez peu de notes. En duo et quelquefois en trio, les musiciens s’expriment avec sérénité, laissant le temps s’écouler sans jamais lasser. Très présentes, les voix (y compris celle de l’organiste Rhoda Sott qui délaisse ici son « buffet ») sont autant d’instruments, toujours en nuances.
Voici une œuvre riche qui interpelle, manifeste d’un compositeur sans œillères. A écouter sans modération.
Jean-Louis Lemarchand.
©photo Christophe Charpenel