KATHRINE WINDFELD ORCHESTRA
ORCA
Label Stunt Records
Une histoire d’eaux, de mers et d’océans, de peuples sous marins … Nous sommes en Scandinavie avec le très grand orchestre à la tête duquel règne la sirène Kathrine Windfeld.
Celle qui est née dans l’archipel danois de South Funen, dans la ville portuaire de Svendborg, est fascinée par l'effet aquatique. Avec ce troisième album, la jeune compositrice, pianiste et révélation danoise, a conçu toute une histoire autour de l’orque marine, ce “charmant” animal, pourtant redoutable prédateur des baleines, (ne la surnomme t-on pas d’ailleurs “killer whale” en anglais ?).
8 compositions plutôt longues dont la plupart évoquent la forme de l’eau, l’eau dans tous ses états et l’univers mystérieux des fonds sous marins. Celles qui ne sont pas inspirées par l’élément marin, renvoient tout de même à la nature “Harvest”, notable par une belle intervention de la pianiste.
Une symphonie écologique qui adopte l’idiome jazz dans lequel les Scandinaves sont à l’aise, tant ils sont ancrés dans l’histoire de cette musique.
Une formation cuivrée et musclée de 16 instrumentistes majoritairement suédois et danois, avec l’exception notable d’un Hongrois, le saxophoniste ténor Gabor Bolla : place aux vents (quatre trompettes, 4 trombones, 6 saxophones dont un baryton et 3 ténor) et une section rythmique puissante dotée d’une guitare. Les compositions permettent aux instrumentistes de magnifier les échanges, de jouer des unissons, variant et multipliant les effets de timbres et de couleurs sans oublier de se livrer à des solos remarqués. Une structure impeccable, équilibrée dans l’écriture, qui raconte ces histoires quotidiennes comme ce “ Ferry” qui rythme les traversées incessantes qui marquent la vie nordique, énergique et rude au bord d’une mer qui n’a rien à voir avec la mare nostrum.
Bref, un opus symphonique, exotique, c’est à dire dépaysant par le thème déroulé avec une belle continuité qui en fait un vrai concept album, la maestria avec laquelle cette musicienne dirige son groupe, les grands formats étant rares de nos jours. Soulignons enfin le talent des interprètes au style vif, dans un courant mainstream qui parvient à installer des reflets et climats impressionnistes.
Sophie Chambon