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24 novembre 2020 2 24 /11 /novembre /2020 14:57

Serge Lazarevitch (guitare), Ben Sluijs (saxophone alto, flûte alto), Teun Verbruggen (batterie, électronique)

Anderlecht (Belgique) 2018

Rat Records CD-RAT 046 / www.ratrecords.biz

 

Après «Free Three», publié voici un peu plus de 4 ans (Igloo Records IGL 266), avec Nicolas Thys à la contrebasse, voici «Still Three, Still Free», où la basse cède la place au saxophone de Ben Sluijs. Parce qu'il y a au répertoire une composition de Paul Motian, et aussi à cause de l'instrumentation, de la couleur de certaines plages, on est tenté de penser au trio qui associait Paul Motian, Bill Frisell et Joe Lovano. Mais cela dit assez peu de ce disque singulier, même si l'on se souvient que, voici plusieurs décennies, Serge Lazarevitch succéda à Frisell dans le groupe du saxophoniste belge Steve Houben. Il l'avait croisé aux USA, durant ses études au Berklee College de Boston, et son début de carrière là-bas, quand il avait étudié avec Mick Goodrick, enseignant majeur à Boston pour tous les guitaristes. Et ce trio ? Le batteur est né l'année même où le guitariste commençait ses études de jazz à Boston, et le saxophoniste appartient à la génération médiane entre ses deux partenaires. Le titre de cet opus collectif annonce la couleur : encore et toujours libre(s). Libres d'aborder des territoires différents, libres de s'offrir en ouverture une ballade sinueuse (je pense à Motian, déjà....) au titre faussement connoté (Georgy On My Mind). Puis de bifurquer vers une impro collective pleine de fougue, avant une méditation nimbée de mystère, et un plongeon très personnel dans la déconstruction d'un thème de Monk (Evidence). Liberté d'improviser sur ce matériau segmenté qui se recompose dans le solo de sax, tandis que guitare et batterie fragmentent : jouissif ! Puis c'est un thème d'Ornette, lyrique et distendu avant de devenir anguleux (mais moins que dans la version princeps). Une autre courte impro collective, puis du lyrisme à l'état pur, et le thème de Motian, Drum Music , ou comment faire chanter la batterie sans fracas sur des méandres mélodiques qui nous emportent. On aura aussi le timbre troublant de la flûte alto pour un voyage oriental, avant la plage conclusive sur Les Baricades Misterieuses (orthographe dix-huitième siècle garantie) de François Couperin. Bref un très beau voyage de musicalité, de jeu collectif et de liberté. Grande réussite.

Xavier Prévost

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