Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 janvier 2021 2 19 /01 /janvier /2021 09:32

Concert à huis-clos en raison de la pandémie, dans la grand studio 104 de la Maison de la Radio (…. et de la Musique, comme le revendique sa nouvelle appellation officielle). Mais pas totalement sans public car, hormis les quelques professionnels et amis des musiciens qui sont dans la salle, les techniciens et l'équipe de production de Radio France, constituent aussi, sous la houlette d'Arnaud Merlin, un public de choix, attentif et engagé dans l'écoute. Et surtout la seconde partie du concert, à 19h, est en direct sur France Musique dans l'émission 'Jazz Club' d'Yvan Amar, pour un très large public d'auditeurs, si l'on en juge par les nouvelles audiences record des chaînes de Radio France, dont France Musique.

THÉO CECCALDI 'Dango'

Théo Ceccaldi (violon), Valentin Ceccaldi (violoncelle), Guillaume Aknine (guitare)

Paris, Maison de la Radio (et de la Musique), 16 janvier 2021, 17h30

Après une balance où un nouveau morceau côtoyait le répertoire du disque paru voici un peu plus d'un an, et après quelques négociations entre l'ingé son du groupe, les musiciens et les équipes de Radio France, l'heure du concert est arrivée. Changement de costume(s), mais dans le même décor.

On commence du côté de Honeysuckle Rose, mais l'on a parfois l'impression que rôde le fantôme de I Got Rhythm, passé à la moulinette.... puis au grill ! Ça vit, ça bouge, et après un échange entre violon et guitare sur une basse obstinée délivrée par le violoncelle, on atterrit du côté de Minor Swing (thème effleuré mais citation du solo de Django) et le violon s'envole, sur une pulsation propulsive du tandem basse-violoncelle. Pour sûr, ça swingue !!! Et quand ils ont terminé le public, dont je suis, réfrène son désir d'applaudir : hors techniciens, nous sommes une dizaine, et un bruyant enthousiasme paraîtrait chétif dans cette salle de plus de 800 places.... Voici maintenant, lent et intense comme un madrigal italien ou une mélodie baroque anglaise, un thème qui va évoluer vers un crescendo hyper expressif, et très libre. Une petite mélodie entêtante viendra s'insérer, débouchant ensuite sur des sons saturés de guitare et de violoncelle jouant en accords. Viendra ensuite l'une des deux composition de Django, Rythme futur. Le modernisme de Django, visionnaire en 1940, est décuplé, déconstruit, et sublimé en une sorte de free swing. Et le voyage continue, mouvementé et enthousiasmant. On entend brièvement la voix de Django évoquant son activité d'artiste peintre, et c'est reparti, plein swing, malmené avec talent et maestria. Puis ce sera un à nouveau grand moment de lyrisme au violon (le violoncelle dans ce registre n'aura pas été de reste) avant un conclusif Manoir de mes rêves, l'autre composition de Django au programme de ce concert comme du disque, délivrée dans son dépouillement limpide. Le solo de guitare est magique, chantant comme un trésor manouche. Le disque m'avait légèrement laissé sur ma faim : le concert m'a comblé !

LEÏLA MARTIAL 'Baa Box'

Leïla Martial (voix, flûte à coulisse, sanza, électronique, objets divers), Pierre Tereygeol (guitare, voix), Éric Perez (percussions, voix, percussion corporelle)

Paris, Maison de la Radio (et de la Musique), 16 janvier 2021, 19h

En direct sur France Musique dans l'émission 'Jazz Club', réécoute en suivant ce lien en fin de compte-rendu

C'est en direct, avec un nouveau programme, plus acoustique que les précédents, avec relectures de thèmes antérieurs. Noblesse de l'improvisation et du direct.

Le trio commence sur l'avant scène, devant un couple de micros pour un son très acoustique. Leïla Martial engage, sanza en main, un chant inspiré par la tradition vocale pygmée, rejointe très vite par la guitare de Pierre Tereygeol et la voix (avec percussions corporelles) d'Éric Perez. On est embarqué. La pulsation va se parer ensuite d'une sorte d'effet choral qui est certainement l'une des signatures de ce trio très singulier. Puis la chanteuse va introduire à la flûte à coulisse ce qui deviendra une chanson tendre avant l'entrée de guitare et percussions pour une impro vocale estilo andaluz.

Puis c'est un thème du disque «Baabel» (publié en 2016), remanié, et introduit par la voix et les percussions corporelles d'Éric Perez : l'esprit d'André Minvielle plane sur cette impro rythmo-vocale. Leïla Martial souffle en chantant dans ses minuscules bouteilles assemblées comme une espèce de flûte de pan, avant de rejoindre dans l'arrière plan ses compagnons dans l'autre dispositif : chacun(e) sa place, chacun(e) son micro. Après un crescendo de folie, on va revenir au chuchotement : magie de cette musique intensément vivante. Je n'en dirai, ou plutôt n'en écrirai, pas plus : courez vers le lien de France Musique (ci-après) écoutez le très beau rendu sonore concocté par les techniciens de France Musique avec le concours attentif de Mathieu Pion, l'ingénieur du son de trio. Une fois de plus, et malgré l'absence de public, ce concert fut un beau moment de musique.

Xavier Prévost

.

Baa Box était diffusé en direct sur France Musique : réécoute en suivant ce lien

https://www.francemusique.fr/emissions/jazz-club/jazz-sur-le-vif-leila-martial-baa-box-91004

Le trio 'Django' de Théo Ceccaldi sera diffusé ultérieurement sur France Musique 

Partager cet article
Repost0

commentaires