Archie Shepp (saxophone ténor et soprano, voix), Jason Moran (piano).
Paris Jazz à La Villette, 12 septembre 2017. Manheim, festival Enjoy Jazz, 9 novembre 2018.
ArchieBall/L’autre distribution.
Figure de proue du free jazz, Archie Shepp a endossé ces derniers temps le costume de l’apôtre apaisé de la musique afro-américaine.
Aux saxophones et de plus en plus souvent à la voix, le jazzman n’a pourtant rien perdu de son engagement. S’il ne dispose plus du souffle de ses jeunes années, l’artiste désormais octogénaire (83 ans) conserve cette expression touchante, bouleversante même par sa fragilité.
Dans un format qu’il affectionne -le duo avec un pianiste- Archie Shepp plonge dans les racines du jazz. C’est une sorte de retour aux sources qui nous est ici proposé en compagnie de Jason Moran. Le terrain choisi leur est majoritairement bien connu : des airs traditionnels - Go Down Moses, Sometimes I Feel Like a Motherless Child - et des standards : Lush Life (Billy Strayhorn), Isfahan (Strayhorn-Ellington) ou encore Round Midnight (Thelonious Monk-Cootie Williams).
Shepp n’oublie pas un hommage à John Coltrane en reprenant une de ses compositions (Wise One). Une occasion de rappeler son admiration pour celui qu’il considère toujours comme « un modèle » (« Coltrane était comme un gourou mais il était très humble et avait une discipline très forte. Il était très passionné, très motivé. Il a fait de la musique très sérieusement » nous confiait-il en 2007 dans 'Paroles de Jazz' (Editions Alter Ego).
Enregistré en concert en 2017 et 2018, cet album vient enrichir la production d’Archie Shepp en duo saxophones-piano qui comprend, sans viser l’exhaustivité, des rencontres avec Joachim Kühn, Abdullah Ibrahim, Siegfried Kessler ou encore Horace Parlan. L’amateur pourra se reporter à l’album gravé en 1977 à Copenhague avec ce dernier (‘Goin’Home’, pour SteepleChase).
Alors dans sa quarantaine, le saxophoniste avait déjà inscrit à son répertoire, ‘The Troubles I’ve Seen’, ‘Deep River’, ‘Swing Low, Sweet Chariot’, ‘Sometimes I Feel Like A Motherless Child’, ‘Go Down Moses’.
A des titres différents, ces deux albums méritent de figurer dans votre discothèque. Deux témoignages d’un parcours rare, d’un talent qui ne laisse jamais indifférent.
Jean-Louis Lemarchand.