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7 février 2021 7 07 /02 /février /2021 15:37
LALO SCHIFRIN FOR MANDOLIN  Sonata del Sur –Fantaisie & Works of Nicolas Mazmanian

 

LALO SCHIFRIN FOR MANDOLIN

Sonata del Sur –Fantaisie & Works of Nicolas Mazmanian

Sortie le 1er février 2021 LABEL LA MAISON BLEUE/SOCADISC

Vincent Beer-Demander (mandoline), Nicolas Mazmanian (piano)Gregory Daltin (accordéon)


compagnievbd.org

 

Compositions : Lalo SCHIFRIN

Sonata del Sur for mandolin & piano (2017) – 22’35, dedicated to Vincent Beer-Demander

Fantaisie pour mandoline & accordéon (2019) – 11’16, dedicated to Vincent Beer-Demander & Grégory Daltin

Compositions : Nicolas MAZMANIAN

Variations on a theme of Lalo Schifrin for mandolin & piano (2018) – 12’25 Dedicated to Lalo Schifrin

Fantaisie concertante « L.A » for mandolin & piano (2016) – 14’31 Dedicated to Vincent Beer-Demander

 

Présentation et interview de Lalo Schifrin

 

Vincent Beer Demander fait souffler un air de nouveauté sur le répertoire de la mandoline, instrument baroque du XVIIème, “a petite soeur de la guitare” à la tessiture du violon ( du sol grave au la suraigu). Les sonorités, le style évoluent. La rencontre avec Vladimir Cosma qui a pu composer une symphonie, une fugue, une chanson, un thème jazz, lui a ouvert de nouvelles perspectives et il a sollicité alors cet autre compositeur de musiques de films, tout autant éclectique, Lalo Schifrin. D’une brève rencontre à Paris en 2016, est né le projet d’un Concerto pour mandoline. Schifrin s’est pris au jeu: d’une grande curiosité, il n’a jamais écarté aucun instrument, et a utilisé, parfois en les isolant ou en les mettant en valeur la flûte dans The Fox, le basson dans The Kid of Cincinnati, ou encore le cymbalum dans Le Village des Damnés. Alors pourquoi pas la mandoline, même si ce qui l’intéresse est la forme du concerto, son organicité. De retour à Los Angeles, Lalo Schifrin compose le «Concierto Del Sur» pour mandoline et orchestre, créé l’année suivante au Festival de Chaillol en France puis à Washington et dans le Maryland aux États Unis.

Vincent Beer Demander fait alors entrer dans le mouvement son collègue enseignant pianiste du conservatoire Nicolas MAZMANIAN ( l’un des derniers élèves de Pierre Barbizet), et lui fait rencontrer à U.C.L.A, Schifrin lors de la création pour le Concierto del Sur. Il s’ensuivra 2 deux pièces inspirées de Lalo Schifrin dont

Variations on a theme of Lalo Schifrin for mandolin & piano (2018) – 12’25 Dedicated to Lalo Schifrin qui débutent le CD.

Les Variations sont un hommage d’un compositeur à un autre, à l’image de celles de Beethoven pour Diabelli. Ou celles de Brahms pour Paganini. La musique créée retraverse la vie du compositeur argentin Lalo Schifrin à travers le choix d’un thème qui fit sa renommée, celui de la série Mission : impossible. De manière plus ou moins évidente, le thème va revenir dans les 7 parties de cette composition. Ce qui paraît intéressant dans la démarche de Nicolas Mazmanian est d’avoir amené toutes ses variations vers le thème et non l’inverse qui est appliqué d’ordinaire.Argentina” pose le cadre, le tango emblématique des origines, “Nostalgia” évoque directement le thème, mais pas à la manière d’une poursuite comme dans la série : la mandoline, d’une délicatesse extrême étire le temps, l’instant seul compte. Puis, on retrouve les trois premières notes dans un “Preludio” inpiré de Bach piano arpégé; “Cancion” ouvre plus gaiement avant “la vida coloreada” aux rythmes sud américaines tout en effets percussifs. “Armonizacion” s’inspire des couleurs et modes du maître Messiaen. Et la conclusion est sans appel : le thème que tous connaissent et aiment, y compris les plus jeunes, aujourd’hui encore, celui de la série, sortie en 1967!

 

La Sonata del Sur, for mandolin and piano ( 2017) de plus de 22 minutes, en 3 mouvements, remaniée par Lalo Schifrin à partir de son Concerto créé en 2017 est le morceau de bravoure du CD, bien plus qu’une réduction piano de l’orchestre, une oeuvre de musique de chambre, écrin aux performances des deux instrumentistes. On est très vite perdus dans un mouvement fluctuant sans cesse, des métamorphoses qui s’enchaînent, ne ménageant aucun répit aux spectateurs et plus encore aux instrumentistes. Comme dans une oeuvre classique, trois mouvements se succèdent : une Fantasia joyeuse, Balada, sur un tempo plus lent, a l’atmosphère d’une sérénade donnée sur une gondole glissant mystérieusement sur le Gran Canal. Des ruptures de ton, des passages très brefs d’une mandoline endiablée. Le dernier mouvement Fuego est en correspondance avec son titre, une musique solaire du sud, que ce soit Marseille et la Méditerranée ou L.A et la Californie, plus rapide et excitant, souligné plus par les aspects dynamiques et percussifs que par des dissonances.

Jeux de miroir, de doubles entre mandoline et piano, deux voix, plusieurs lignes mélodiques qui ne se jouent pas souvent en même temps, qui montrent toutes les possibilités de la mandoline, d’une grande palette expressive. On joue sur une corde, ou sur les doubles, usant du trémolo tenu ; on pousse les notes au plectre entre pouce et index, on peut aussi faire entrer en résonance tout l’instrument pour produire le son de la table d’harmonie au dos de l’instrument.

On entend ensuite la Fantaisie Concertante L .A for mandolin et piano, la première composition écrite pour Vincent Beer Demander par Nicolas Mazmanian.

Une forme libre qui fait se succéder le motifs, cousus et recousus, pour solistes. C’est un exercice de style en hommage au mandoliniste à son énergie indomitable et son humour avec trois mouvements : un prélude à la manière de musique ancienne, avec des trémolos vifs; un “humoreske” appuyé et saccadé marche rock pour finir par une “Rêverie” plus “classique mais d’une énergie fluide.

Le CD se termine avec une dernière pièce de Lalo Schifrin très originale et qui porte pourtant sa griffe, la Fantaisie pour mandoline et accordéon de 2019 qui met en en valeur l’alliage des timbres de la mandoline et de l’accordéon; on retient particulièrement un chorus d’accordéon sur fond d’ostinato de mandoline, mais aussi les qualités percussives des deux instruments.
 

Ce CD est une double découverte : un instrument, la mandoline dans un contexte insolite, et des instrumentistes classiques, jeunes et passionnés des musiques de Lalo Schifrin. Tout le monde a entendu en effet ses musiques de séries ou de films, mais les amateurs de jazz le connaissent évidemment pour son parcours jazz qui a commencé avec Dizzy Gillespie.
 

Sophie CHAMBON

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