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20 février 2021 6 20 /02 /février /2021 11:18
MARC COPLAND   PIANO SOLO     JOHN

MARC COPLAND  PIANO SOLO

JOHN

Illusions Mirage / L’autre Distribution

www.illusionsmirage.com

www.illusionsmusic.fr

www.marccopland.com

You ‘re just sort of searching for this thing, and sometimes you get it and sometimes you don’t .

John Abercrombie

 

C’est à la détermination du producteur français Philippe Ghielmetti que l’on a assisté à l’émergence sur la scène de jazz hexagonale de Marc Copland pour le label Sketch, avec Poetic Motion en 2006. Se livrant jusqu’alors à l’exercice délicat et parfois ingrat d’accompagnateur, la relecture des standards en trio ou en quintet, Marc Copland réinvestissait alors l’art du piano solo qui était l’une des signatures du regretté label Sketch. Marc Copland devait prendre goût à l’exercice et renouvela l’expérience à de nombreuses reprises jusqu’à ce nouvel album so(m)brement intitulé John.

S’il est un terme qui vient immédiatement à l'esprit quand on évoque le pianiste new yorkais, c’est la fidélité. L’amitié comme équipage. Il est resté fidèle à ses engagements, à sa conception de la musique, aux valeurs que lui a transmises le guitariste, à Philippe Ghielmetti qui, avec Stéphane Oskeritzian ne sont pas les derniers à entretenir un lien fort. Puisque ce sont les producteurs de ce dernier album sorti sur [ ILLUSIONS] MIRAGE, enregistré à la Buissonne évidemment, sous la houlette de Gérard de Haro, autre partenaire, complice de longue date. Gageons que Marc Copland aura reconnu la qualité du ce merveilleux Steinway, lui qui est sensible à la façon dont l’instrument résonne à chaque fois!

Fidèle à son ami de quarante ans, le guitariste John Abercrombie qu’il n’a jamais vraiment quitté depuis leur première rencontre dans le groupe du batteur Chico Hamilton quand Marc jouait du sax. Du début des seventies jusqu’au dernier quartet du guitariste en 2016, un long et fécond compagnonnage en jazz, avec un “interplay” qui trahit et traduit une écoute attentive, un niveau exceptionnel d’improvisation et de concentration.

Ce piano solo est une sorte de “tombeau”, d’un genre particulier puisqu’il s’agit de réinventer neuf compositions du guitariste depuis l’avant-gardiste “Timeless” (premier album éponyme ECM en 1974) jusqu’à “Flip Side” du dernier quartet.

Le piano se prête plus facilement peut être à l’exercice du solo mais avec l’envergure de Marc Copland, le risque est très mesuré. Comme à chaque nouvelle aventure en solo, il place l’expression, la fluidité, le développement créatif et l’improvisation dans son carnet de route. Il prend son temps au fil des morceaux, amplement développés : de ballades rêveuses “Sad Song” ( joué par le quartet de John avec le violoniste Mark Feldman), en valses tristes(“Avenue”, “School”), brisures rythmiques, glissements mélodiques en nerveuses oppositions, son phrasé volontiers flottant déroule des accents intimistes, en traduisant la fragilité de l’instant recomposé. Les notes en pluie, le martèlement audacieux du clavier composent un chant grave et précis; par ses harmoniques et son chromatisme, cette musique distille le plus souvent une mélancolie liée à un art poétique élégiaque. Marc Copland renvoie aux délicates impressions, au ressenti mémoriel. On pourra réentendre des thèmes choisis avec une attention particulière d’autant plus difficiles que ces pièces furent composés pour des duos ou des formations étoffées : ainsi d’Isla” pour le duo avec le guitariste Ralph Towner ou de “Remember Hymn” où brillait Michael Brecker.

Cette musique pour John dresse en même temps un portrait du pianiste. Ce qui confère à cette suite de pièces une continuité assez remarquable, toute en retenue et émotion jusqu’ à la mise en danger du “Vertigo” final apparu sur 39 Steps (quelle science du titre!), hommage à Hitchcock, maître du suspense, exactement comme dans cette composition de 39 mesures, où Copland harmonise ses propres déséquilibres. Il faudra réécouter cette musique du coeur avec la plus grande vigilance pour en saisir les finesses, pour se laisser prendre par cette tendre insistance.

Sophie Chambon

 

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