Hymnes à l’amour
Christophe MONNIOT & Didier ITHURSARRY
Deuxième chance
Sortie 26 février 2021
Emouvance Distribution Absilone-Socadisc
Nouveau disque pour le duo Monniot – Ithursarry – Emouvance – Compagnie Claude Tchamitchian
www.didierithursarry.com
www.christophemonniot.com
Drôle de titre, car on avait tellement aimé le premier Hymne à l’amour, sorti en 2018, que l’on donnerait à ces deux là une éternelle chance de retour. Le duo formé par l’accordéoniste basque Didier Ithursarry et le saxophoniste normand Christophe Monniot revient en effet, toujours sur le label Emouvance et continue à égrener ses chansons d’amour, un peu étranges forcément, bizarres, pas banales. Détournement de sens mais avec cette paire d’as, il faut s’attendre à tout.
“Tel le foie et le confit dans la toupine, les deux amis font bloc. Dans leur mêlée liée serrée, épaule contre épaule, ils font corps inventant tout à la fois leur musique et leur genre musical”. On ne saurait mieux dire que l’accordéoniste Marc Perrone, lui même mélodiste hors pair.
De leur engagement, coeur à corps, on retient les huit compositions fournies à parité, l’énergie irrésistible de l’improvisation, une complicité patente et un sens de la belle mélodie qui touche son noir de cible dans ce rêve de “ Lilia” vaguement inquiétant, mélancolique assurément.
Et puis soudain sans transition, on est dans l’”East side” et quand on arrive en ville… point de quiétude, ça klaxonne au saxophone alto et dérape au final avec “l’allumé du dépliant” sur les trottoirs de la mégalopole.
Toujours au service d’une musique proche des racines populaires, ils n’oublient jamais d’où vient le souffle: ils ne manquent pas d’air, celui des Balkans dans le traditionnel bulgare “Vetcherai Rado”. Ou celui du basque bondissant “Banako”, volontairement sur tempo ralenti, pour se jouer des clichés. Ils arrivent souvent à une épure, et pourtant l’émotion affleure vite : enchantement avec ce “Dede” et émouvante valse à l’ami “Pierre qui vole” tout là-haut, libre désormais?
C’est éminemment virtuose sans en avoir trop l’air, pourtant on sait de quoi ils sont capables. On savoure la vélocité, l’entrain de Didier qui n’a jamais mieux fait résonner sa “boîte à frissons”. Monniot est le compagnon idéal, oiseau qui roucoule et pousse ses gammes au sopranino, nous transportant dans la nature. A l’alto, son timbre particulier fait merveille. Ces deux là savent s’écouter et se répondre, rebondir sans cesse à de nouvelles idées. Changements de rythme, climats alternés se succèdent, éclairant comme autant de tableaux sonores; ce n’est pourtant pas une musique illustrative, mais elle réveille notre imaginaire. Et le corps qui n’oublie pas de danser. D’ailleurs l’album finit sur une interrogation, invitant à “la dernière valse? Nous, on espère encore un prochain tour!
Sophie Chambon