Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 22:07

Joachim Kühn (piano Steinway), ‘Touch the Light’.
Salinas Studio, Ibiza (Espagne), août 2019-octobre 2020.
ACT - ACT 9766-2. (également disponible en vinyl, ACTLP 9766-1).
Sortie le 26 février.

Le piano solo est loin d’être une nouveauté pour Joachim Kühn. Sans remonter à sa prime jeunesse (il donna son premier concert à 6 ans dans des œuvres de Robert Schumann), son premier album sous ce format, produit en France, remonte à 1971 et plus récemment l’amateur de jazz aura remarqué deux prestations discographiques : ‘Free Ibiza’ (2011 chez OutNote Records) et ‘Melodic Ornette Coleman’ (2019 chez ACT).
Sur ce dernier label, le pianiste propose aujourd’hui un album uniquement consacré à des ballades.

 

Après un moment d’hésitation (« Peut-être quand j’aurai 90 ans !»), Joachim Kühn a accepté la suggestion du patron-fondateur d’ACT, son compatriote allemand Siggi Loch. Dès lors, il s’est mis au piano (un Steinway) dans sa maison d’Ibiza surplombant la mer où il réside depuis près de trente ans. « Je peux jouer et composer sept à huit heures par jour sans déranger les voisins », nous confiait-il en 2012 (in ‘Paroles de Jazz’, Editions Alter Ego).

Loin du bruit de la ville, il a ainsi enregistré une quarantaine de titres en quinze mois dont treize ont été retenus. Des pièces de courte durée (à peine 5 minutes pour la plus longue) qui forment une œuvre polymorphe, sorte de voyage rétrospectif dans la carrière d’un musicien actif sur la scène du jazz depuis un bon demi-siècle :


- Des hommages à Joe Zawinul (qui le distingua lors d’un concours à Prague en 1968), et à Gato Barbieri qui l’engagea pour la BO du ‘Dernier Tango à Paris’ (1972),


- des reprises de Mal Waldron (‘Warm Canto’) ou Bill Evans (‘Peace Piece’),


- Une excursion dans la pop (‘Purple Rain’ de Prince) ou les musiques du monde (Milton Nascimento et Bob Marley),


- Une reprise de Beethoven (Symphony No. 7, Allegretto)


... Et bien sûr des compositions personnelles dont ‘Touch the Light’, qui donne son nom au disque et évoque un coucher de soleil sur la Méditerranée des Baléares.


Pianiste fougueux dans sa période free jazz -aux côtés par exemple d’Aldo Romano, Archie Shepp ou encore Ornette Coleman- il n’a jamais trahi la fibre romantique de ses jeunes années à Leipzig. Il nous en donne ici une preuve incontestable faisant montre d’une sensibilité qui ne tombe jamais dans la sensiblerie. Une heure de grâce absolue.

 

Jean-Louis Lemarchand.


 
© Silvio Magaglio & X. (D.R.)

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires