Michel Portal (clarinettes, saxophone soprano), Bojan Z (piano et claviers), Nils Wogram (trombone), Bruno Chevillon (contrebasse) et Lander Gyselinck (batterie).
Studio Gil Evans, Amiens, 26-29 juin 2020.
Label Bleu/L’autre distribution. Sortie le 5 mars 2021.
Quoi de neuf ? Michel Portal. Longtemps absent des bacs, le poly-instrumentiste éternel rebelle nous revient sur les deux terrains qu’il parcoure avec la même perspicacité : la musique la plus classique (Bach, Telemann, Stamitz...) où le premier prix de clarinette du conservatoire (1959) échange avec un homologue, Paul Meyer (Double. Alpha Classics - Outhere Music), et le jazz qu’il retrouve pour son premier album depuis 'Baïlador' (Emarcy-Universal.2011) avec MP85 (Label Bleu) clin d’œil à son état civil (né le 27 novembre 1935).
Tel est Michel Portal qui se caractérise par son « intranquillité » selon l’expression de son ami le photographe Guy Le Querrec.
Toujours prêt à en découdre, il conduit là une petite formation où se mêlent « anciens » camarades ( Bojan Z au piano, Bruno Chevillon à la contrebasse) et « modernes » dans le sens de complices récents (Nils Wogram, tromboniste allemand, et Lander Gyselinck, batteur belge). Et pour bien marquer son engagement, Michel Portal signe sept des dix titres présentés et insère un chant de sa terre basque natale (Euskal Kantua).
La fougue et la liberté d’expression sont au rendez-vous. L’artiste a dominé l’appréhension qui le taraudait lors de son entrée en studio en juin dernier. « Faire ce disque, déclarait-il à Jazz Magazine, m’a redonné le goût de la musique que j’avais perdu en partie, et par là-même une forme d’espoir. J’ai senti que la musique était encore possible et qu’on allait finir par s’en sortir ».
On retrouve ici l’interprète sans interdits ni frontières, le compositeur sensible (un peu méconnu) de musiques de films (‘Le retour de Martin Guerre’, ‘Max mon amour’…) dans ses envolées, dans ses joutes avec un tromboniste au sommet de son art.
Michel Portal, qui abhorre « réciter sa leçon » nous conduit sur les chemins de la spontanéité créative avec un entrain juvénile de toute beauté.
Jean-Louis Lemarchand.
©photo Jean-Marc Lubrano et Stella D