Michael Wollny (synthétiseur, piano électrique, piano), Émile Parisien (saxophone soprano), Tim Lefebvre (guitare basse, électronique), Christian Lillinger (batterie & percussion)
Berlin, décembre 2019
ACT Music 9924-2 / PIAS
Un groupe rassemblé par le pianiste allemand Michael Wollny, et qui assemble trois musiciens avec lesquels il a joué, individuellement. Quatre musiciens dont c'est la première rencontre sur scène. Quatre soirées dans un club berlinois du quartier de Charlottenburg, le 'A-Trane', sur la très bourgeoise Bleibtreustraße, pas très loin de la gare de Savignyplatz.
On n'est pas aux Instants Chavirés ni au Studio de l'Ermitage, mais la musique n'est pas pour autant collet monté. Elle est même assez offensive, totalement improvisée, assumant les effets électroniques dès l'abord (le son du soprano sur la première plage), mais on n'est pas du tout dans un registre technologique et désincarné. C'est même tout le contraire : l'expression, et même un certain expressionnisme (le syndrome berlinois ?) prévalent, sur une pulsation forte, un groove qui lamine toute tentation d'académisme ou d'afféterie. C'est puissant, ça déménage, et pourtant mille détails révèlent l'intensité de l'écoute interactive, de la créativité mélodique et sonore, et du désir de porter loin, jusqu'à une forme d'extase, le goût du risque. La pochette du disque représente la structure moléculaire de la psilocybine, substance psychotrope contenue dans le psilocybe, minuscule champignon que l'on trouve dans les prés où paissent les vaches, près des rivières (le Nord de la France en regorge à l'automne). Une substance dont certains croient qu'elle est hallucinogène. Après en avoir consommé, j'ai pleuré d'émotion en écoutant un concert de Sam Rivers (avec Dave Holland et Barry Altschul) : je témoignerai donc qu'elle exacerbe simplement l'émotivité....
(photo Tambour Management)
Avec également, de loin en loin, des épisodes d'un calme et serein lyrisme, lequel se résout évidemment en tensions sonore et rythmique. Et aussi, dans une plage, un furtif échantillonnage d'une pièce et jouée par un ensemble à vent de Norvège. Le tout assemblé comme un continuum insécable qui nous entraîne jusqu'au terme de 42 minutes d'intensité musicale, après un solo de claviers de Michael Wollny. Nous sommes bousculés, remués, émus et ravis !
Xavier Prévost
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