FABIEN MARY AND THE VINTAGE ORCHESTRA
TOO SHORT
LABEL JAZZ & PEOPLE/ DISTRIBUTIN PIAS
Fabien Mary – trompettiste / compositeur / arrangeur
The Vintage Orchestra:
Erick Poirier, Julien Ecrepont, Fabien Mary, Malo Mazurié : trompette
Dominique Mandin, Olivier Zanot, Thomas Savy, David Sauzay, Jean-François Devèze: saxophone, clarinette, flûte
Michaël Ballue, Michaël Joussein, Jerry Edwards, Martin Berlugue, Didier Havet: trombone
Florent Gac: piano
Yoni Zelnik: double basse
Andrea Michelutti: batterie
Le trompettiste Fabien Mary a beaucoup joué dans différents big bands, à Paris (Paris Jazz Big Band, Dal Sasso-Belmondo Big Band, Stan Laferrière Tentet, Gérard Badini Super Swing Machine, Michel Legrand Big Band, François Laudet Big Band). Sans oublier le Vintage Orchestra avec lequel il joue depuis sa création, leur premier disque datant de 2003.
Elle est donc longue l’histoire de Fabien Mary avec The Vintage Orchestra. Il a pu en conséquence concocter du “sur mesure” pour cette rutilante machine!
Après son Left Arm Blues, en octet, en 2018, il passe à la taille au-dessus, celle d’un grand format, accompagné de 16 musiciens : 5 (saxophone, clarinette, flûte), 4 trompettes, 5 trombones, piano, contrebasse, batterie. Le répertoire est de sa composition, dix pièces arrangées par ses soins qui mettent en valeur les cuivres, équilibrent les différents pupitres et c’est Dominique Mandin qui dirige cette formation parisienne.
De la pochette de l’album dans le style des Blue Note de la grande époque aux premiers accents du titre éponyme, “Too Short”, on se croirait revenu à l’époque des grands orchestres, mais pas exactement ceux de Duke ou du Count ou de l’ère swing. Le trompettiste s’est familiarisé avec toute sorte d’arrangeurs différents, et il va voir du côté des grands, comme Gil Evans, Thad Jones ou Bill Holman ( chez Stan Kenton, ou dans son big band), le tromboniste Slide Hampton et le pianiste Duke Pearson. Pour ces deux derniers, Fabien Mary a d’ailleurs composé un hommage, respectivement “One for Slide” et “D.P” ( Song for Duke Pearson).
L’écriture est virtuose, toutes les compositions sont de sa plume, sans le recours aux standards, mais fidèle à la tradition. Le trompettiste sait composer pour des solistes qui se distinguent au coeur des compositions. Et il a le bon goût de rester en retrait.
Peut être que le point commun avec les grands arrangeurs est de considérer l’orchestre comme un instrument et de créer une musique pour musiciens. S’il ne les a pas choisi, il a joué avec les musiciens du Vintage, il sait comment les faire résonner, swinguer, marier timbres et couleurs; tout à fait en mesure d’écrire une musique sur des tempos qu’ils soient capables de jouer, étoffant la complexité de son écriture puisqu’ ils sont en mesure d’improviser! Il cadre très proprement l’ensemble sur CD, qui peut exploser sur scène!
Malgré une grande fluidité, la simplicité n’est qu’apparente. On salue un travail des plus soignés pour des instrumentistes chevronnés, qu’il faut tous citer. Tous font un boulot admirable, mettant leur technique, inscrite dans la tradition, au service d’une grande élégance et générosité! Rendons hommage à l’instigateur de ce projet brillant, fédérateur, qui a travaillé une structure rigoureuse et dense pour aboutir à un jazz effervescent, à flot continu, encore porteur de sens et de vertus formelles!
Sophie Chambon