Régis Huby (violon, violon ténor, électronique), Bruno Chevillon (contrebasse, électronique), Michele Rabbia (batterie, percussions, électronique)
Pernes-les-Fontaines, 21-22 octobre 2020
Abalone AB 033 / l'autre distribution
Créé voici tout juste 4 ans (chronique du CD «Reminiscence» en suivant ce lien ), ce groupe pourrait s'écouter sur le mode de la singularité partagée. Oxymore ? Peut-être, mais aussi clé d'écoute pour ce trio d'improvisation, une impro revendiquée dans un geste sans coupes ni calculs, un mouvement collectif de parfaite osmose d'où surgissent pépites, surprises, emportements, digressions.... Le violoniste et le percussionniste se sont croisés dans un quartette avec Marc Ducret et Bruno Angelini ; et aussi dans une version élargie du trio de cordes IXI qui accueillait, notamment, Michele Rabbia. Pour l'autre binôme fondateur je garde un souvenir ému d'un concert-impromptu en duo de Régis Huby et Bruno Chevillon (il existe des extraits vidéos sous le titre 'Jazz at Home'), où la connivence atteignait des sommets inouïs. Sans parler du sextette 'Simple Sound', où le violoniste emmenait une aventure musicale et sonore d'une absolue singularité. Bref ils sont armés de leur passé autant que de leur goût du risque, et leur exceptionnelle musicalité fait surgir au fil des plages tout un monde lointain que l'on rêverait d'inventer. Une musique captée dans un lieu exceptionnel, le studio de La Buissonne, par un sorcier du son qui est aussi un maïeuticien de l'objet musical : Gérard de Haro. On aurait aimé être là, pour vivre ce moment occultiste, où les esprits surgissent des limbes pour nous saisir non d'effroi mais de félicité. Parfois la pulsation s'invite, entêtante, obsédante, avant de se dissoudre dans des assemblages inattendus. Un beau texte de Stéphane Ollivier accompagne le CD, et il nous aide à nous plonger plus encore dans les profondeurs de cette musique de sortilèges : «….la musique de Codex, à la fois lyrique et romanesque, ouatée, méditative et violemment pulsionnelle, sonne au final comme une sorte d'ambient dont la temporalité serait définitivement moins statique que savamment 'ralentie' par cette mise à distance réflexive».
Xavier Prévost
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Un avant-ouïr sur Soundcloud