Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 janvier 2022 2 04 /01 /janvier /2022 18:02
FREDERIC BOREY BUTTERFLIES TRIO

FREDERIC BOREY BUTTERFLIES TRIO

DAMIEN VARAILLON  (cb) STEPHANE ADSUAR (dms)

GUEST LIONEL LOUEKE (g, voc)

FRESH SOUND RECORDS

BUTTERFLIES TRIO | France | Frederic Borey

Frédéric Borey BUTTERFLIES Trio Feat. Lionel Loueke - YouTube

 

Cet album étonne -c’est la première remarque qui vient à l’esprit, tant il est différent de ce que l’on connaît des différents projets de Frédéric Borey. Une manière de se renouveler assurément, même au sein de ce Butterflies Trio dont pour le deuxième album, le saxophoniste s’est assuré la collaboration d’un ami de longue date, le guitariste Lionel Loueke. D’ordinaire, l’invité apporte sa touche, donne une couleur supplémentaire, complète le portrait de groupe. Mais la palette reste la même, The song remains the same.

C’est un peu différent ici, le guitariste, présent sur huit plages sur onze, donne aussi de la voix, même s’il ne la force jamais, elle est plutôt une texture additionnelle qui fait chair. Il fredonne tout en nuances, glisse des bribes de chanson même sur “Camille”, la seule composition qu’il apporte, sans jamais couvrir le chant du saxo, au timbre toujours aussi étincelant, même s’il est volontairement plus voilé. Les univers de ces deux amis ont réussi à se fondre dans une alliance peu commune, à s’ajuster parfaitement.

Des petits bruits, cliquetis des baguettes, friselis de guitare attaquent “Commencement” avant que n’entre en jeu le saxophone qui s’adapte au rythme répétitif adopté de concert. Dans “Dont give up”, chacun s’ajuste, les éclats du saxo ne sont pas tranchants, mais mesurés sans exhaler pour autant leur plainte. La dominante n’est pas vraiment mélancolique ou alors si délicatement qu’il en résulte une douceur entraînante, délicieuse, envoûtante que renforcent nombre ostinatos et autres effets répétitifs comme sur "Do Hwe Wutu" (Grâce à toi en béninois ). Jamais l’expression de jazz de chambre n’aura été plus juste pour décrire cette musique épurée, qui atteint une dimension spirituelle. Une écriture sans gras, précise, très rythmée, celle de véritables auteurs dont les transitions sont tellement habiles qu’elles paraissent naturelles. Les compositions se suivent avec une belle cohérence comme une longue suite tout en gardant leur identité.

On entre par petites touches fines dans le bizarre de la bande-son d’un film imaginaire, une ambiance onirique et flottante, comme en suspens où les nappes mélodieuses de la guitare, les pulsations continues, douces mais fermes de la rythmique, le babil de la voix qui susurre, invitent à se laisser bercer. Pas de longues volutes ciselées au saxophone ténor qui semble chuchoter lui aussi par moment.

Tous entrent dans la danse, se glissent dans le moule d’où sortent des sons inouïs comme dans "Insomnia" qui fait entendre deux batteries et deux guitares enregistrées simultanément. Une force collective irréfutable, à la fois expérimentale et chaleureuse. L’entente palpable favorise l’homogénéité du son, la liberté de l’interprétation, chacun pouvant compter sur le jeu des autres, les appuis des partenaires pour reprendre élan.

A la manière d’une peinture impressionniste des sentiments,   ces plages atmosphériques font sourdre des émotions plus ou moins enfouies ("Lou"). Tout en nuances.

Pour peu que l’on se laisse aller à une écoute attentive, cet album de plus d’une heure de musique est enivrant, jamais insistant. Volontiers persistant, il résonnera longuement à vos oreilles.

 

Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0

commentaires