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23 avril 2022 6 23 /04 /avril /2022 14:16

Charles MINGUS (contrebasse), Eric Dolphy (saxophone alto, flute, clarinette basse), Clifford Jordan (saxophone tenor), Jaki Byard (pian) et Dannie Richmond (batterie).  Théâtre des Champs Elysées, Paris, le 19 avril 1964.
Coffret de 2 CD incluant un livret. Decca/Universal.
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   Charles MINGUS est né le 22 avril 1922 à Nogales (Arizona). Il aurait eu 100 ans hier.

   Cette réédition concerne le deuxième concert parisien de la tournée 1964 de Mingus, donné au Théâtre des Champs Elysées le 19 avril, dans une ambiance un peu dramatique, le contrebassiste devant se passer de son trompettiste Johnny Coles, hospitalisé en urgence (hémorragie interne) pendant sa prestation à la Salle Wagram le 17 avril au soir. Le leader rend d’ailleurs un bel hommage à son musicien dont la trompette trône sur scène ... sur une chaise !

 

   Amputé de l’une de ses voix, le groupe de Mingus va faire vibrer les spectateurs tout au long de ce concert qui, retardé, débutera finalement après minuit. Reproduit dans son intégralité, il permet d’entendre la voix rocailleuse du leader dans ses commentaires et l’accueil survolté du public parisien.

 

   Le programme se révèle à peu près identique à celui du vendredi (1), si l’on excepte un solo de piano de Jaki Byard ‘’A.T.F.W.’’ (Art Tatum, Fats Waller), synthèse brillante de l’époque classique, et un standard de l’un des maîtres de Mingus, Duke Ellington, ‘’Sophisticated Lady’’, donné par le contrebassiste en solo, sobrement accompagné par Byard.

 

   Mingus se montre fidèle à lui-même, incandescent, quand il livre au public pendant l’interprétation (près de 28 minutes) de ‘’Fables of Faubus’’(2) les paroles censurées dans le disque paru l’année précédente chez Columbia. (Extraits : « Ah Seigneur, ne les laisse pas nous tirer dessus…plus de croix gammée… plus de Ku Klux Klan… Faubus, un homme malade, ridicule, abruti, nazi »).

 

   Dans la même veine de son engagement on retrouve donnée ‘’Meditations on Integration’’, autre composition phare de Mingus traitant des conditions de vie dans les ghettos du sud des Etats-Unis. Le rebelle salue également la mémoire d’un autre de ses inspirateurs, Charlie Parker dans une longue version (27 minutes aussi) d’une autre de ses œuvres, sorte de collage de compositions du Bird, ‘’Parkeriana’’.

 

   Un moment d’émotion avec ‘’So Long Eric, Don’t Stay Over There Too Long’’ (21 minutes), où le compositeur exprime toute sa tristesse de voir son complice le quitter pour rester en Europe (où il décédera le 29 juin à Berlin à l’âge de 36 ans).

 

   Si l’on ajoute enfin un titre marqué par l’esprit du blues, ‘’Orange was the colour of her dress then blue silk’’), c’est bien tout l’univers mingusien qui se dévoilait cette nuit-là avenue Montaigne. Compositeur, interprète, chef de groupe, les trois facettes de l’art du grand Charles s’illustrent de la plus belle des manières.

 

... Un coffret indispensable dans toute discothèque.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

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(1). Concert publié en 1996 par le label Revenge Records de Sue Mingus, veuve du musicien, sous le titre ‘’The Legendary Paris Concerts’’ et comprenant un solo de Johnny Coles sur « So long Eric ». Des copies et des éditions pirates du concert avaient circulé et été publiées avant la sortie de cette version officielle et le versement des droits aux interprètes.

 

(2)Stigmatisation du gouverneur de l’Arkansas Orval E. Faubus qui interdit en 1957 l’accès à l’université de Little Rock aux étudiants de couleur.

 

 

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