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25 mai 2022 3 25 /05 /mai /2022 16:01

Ben Sidran (piano), Billy Peterson (contrebasse), Leo Sidran (batterie)

Madison (Wisconsin), 25-26 août 2021

Bonsaï / l’autre distribution

Le chanteur-pianiste (mais aussi chroniqueur, interviewer, analyste du jazz, producteur, auteur et compositeur) se fait ici, pour la première fois sur disque semble-t-il, pianiste en trio, délaissant sa voix et son phrasé si particulier pour se pencher, avec ce qu’il faut de nostalgie raisonnée, sur les pianistes (et les trios) qu’il aimait, dans sa jeunesse : Horace Silver, Bobby Timmons, Bud Powell, Sonny Clark…. «Aujourd’hui, dit-il, soixante ans plus tard, je voulais vivre ce que ces musiciens ressentaient à cette époque lorsqu’ils jouaient dans ce type de formation. Je sais que je ne peux pas jouer comme eux, mais je peux en revanche me sentir comme eux. C’est ce que j’appelle donc le ‘Swing State’ ». Et c’est exactement ce que nous livre, amoureusement, le musicien qui choisit ici de n’être ‘que’ pianiste, soutenu dans son entreprise, à la basse, par son fidèle compagnon de route Billy Peterson, et à la batterie par son fils Leo Sidran.

Le répertoire est celui transmis par son père, qui travaillait comme pianiste dans les années 30 : un recueil non-officiel des partitions de standards, recueil sur lequel Ben Sidran avait fait ses premières armes. Des thèmes qui ont traversé l’histoire, celle de la culture occidentale, et aussi celle du jazz. Et c’est ce jazz, dans toute la simplicité feinte de ses roueries, que nous offre le pianiste : swing implacable, tempo décontracté, liberté mélodique, c’est un régal de bout en bout. Déconstruction de Laura (2 prises) en doux déhanchement, un peu à la manière de Garner dans l’étirement des phrases ; traitement soul jazz from the fifties pour Lullaby of the Leaves ou Tuxedo Junction (qui pourtant datent de l’avant-guerre) ; le pont de Over the Rainbow, qui fait clignoter ses deux notes comme une sirène d’ambulance (vieille blague de musiciens) ; Ain’t Misbehavin’ et Stompin’ at the Savoy rajeunis tout en conservant le caractère de l’époque ; et un thème original, un peu ‘à la Bobby Timmons’, qui donne à l’album son titre.

Et peut-être pour rappeler l’époque où la qualité des instruments n’était pas toujours irréprochable pour le jazz, en studio comme un concert, un piano dont l’accord est loin d’être parfait ; mais cela contribue à l’indiscutable charme de l’ensemble….

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=kvu7a1v1AdI

https://www.youtube.com/watch?v=DHC2cBUw1lQ&t=10s

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Ben Sidran jouera, et chantera, 4 soirs consécutifs à Paris au Sunside, du 25 au 28 mai, en quartette, d’abord avec Rick Margitza (25-26) puis avec Stéphane Guillaume (27-28)

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