ENRICO PIERANUNZI QUINTET
THE EXTRA SOMETHING
LIVE AT THE VILLAGE VANGUARD
Un deuxième album toujours sur CAM JAZZ après le duo de Flavio BOLTRO et Fabio GIACHINO qui lui aussi ne manque pas de souffle avec ce live, le troisième du pianiste italien, icône du jazz transalpin, dans la Mecque du jazz, le Village Vanguard. Précisons que c’est à la demande de sa propriétaire, Lorraine Gordon, aujourd’hui disparue, qu’il put réaliser son rêve d’Européen, un Italien qui joue à New York.
Car ce nouvel enregistrement de 2016 souligne l’appétence du pianiste pour l’aventure américaine, sa soif de rencontre et de partage musical. Au sein de ce temple du jazz, il suit les traces du pianiste qu’il a révéré au point de lui dédier un livre en l’inoubliable Bill Evans. Nul doute que des frissons doivent le traverser à chaque fois dans ce lieu mythique mais Enrico Pieranunzi ne joue pas à l’exégèse, ne fait pas du Bill Evans en trio, il est le pianiste leader, volontiers accompagnateur, partie intégrante de la rythmique au sein d’un quintet survitaminé post bop, une jazz machine parfaitement huilée qui joue très librement les sept thèmes, tous de sa plume. S’il aime les ballades, il n’en abusera pas ici mais“The real you” a une élégance discrète.
The Extra something confirme la classe d’Enrico Pierannunzi qui se fond avec une aisance peu commune dans cet équipage cent pour cent ricain qui joue les codes du genre. Il a toujours cette obsession du plein sans saturation cependant, le sens de l’espace.
Un jazz accessible mais exigeant dont l’énergie suffirait à en garantir la cohérence. Si la tension ne baisse pas une seconde, la répétition des écoutes révèle plus qu’un hommage fougueux au jazz des années soixante. Enrico Pierannunzi poussant plus loin les transmutations, combinaisons de styles, variations et contrepoints classiques. Des motifs qui viennent rejoindre les partitions plus attendues d’un trompettiste éclatant qui manie aussi le trombone, l’Argentin Diego Urcola et d’un saxophoniste ténor, intense Seamus Blake. La rythmique composée du contrebassiste Ben Street et du batteur Adam Cruz n’est jamais en reste, solide et carrée, ardente dans ses emportements même. Comme la formation soudée, combative et habitée qui fait résonner de belle façon les murs du Vanguard qui pourtant en ont entendu d’autres.
Sophie Chambon