Charles Llyod (ts, fl), Bill Frisell (g), Thomas Morgan (cb)
Blue Note 2022
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Avec cet album, le légendaire saxophoniste de Memphis (84 ans) entame son nouveau projet : une série de trois trios différents (" Trio of trios") enregistrés pour le label Blue Note et dont il livre ici la première version. Les deux autres volets paraîtrons rapidement et le prochain, annoncé fin septembre et réunira Gerald Clayton au piano et Anthony Wilson à la guitare.
C’est donc la première partie du tryptique dont il s’agit ici et qui réunit autour de Charles Lloyd, le guitariste Bill Frisell et le contrebassiste Thomas Morgan. Cet album a été enregistré en live dans une chapelle texane en 2018 (d'où le nom de l'album)
Et c’est aussi en quelque sorte la découverte de la pierre philosophale. Car la formule est littéralement exceptionnelle. Avec « Chapel » on a le sentiment que Charles Llyod a trouvé l'exact partage des rôles : à Charles Llyod le chant de la mélodie, à Bill Frissell le bleu des harmoniques et à Thomas Morgan la pulse douce. Et tout cela dans une parfaite maîtrise du son et une répartition magique de l'espace.
Il y a de l'air qui passe dans cette musique. De l'air doux qui carresse.
Il y a là une sorte de puissance des sages, celle qu’insuffle Charles Llyod dans cette session. Ainsi sur Blood count de Billy Strayhorn ou encore lorsqu’il
est à la flûte sur Beyond the darkness empreint d'une forme quasi mystique.
Et cette mystique se retrouve aussi par exemple dans le son très coltranien sur song my lady sings après l’introduction du guitariste et qui vient caresser l'âme.
Ce son de Charles Lloyd !! Porteur de tant d’héritage ! Ces ciselures au tracé fin et effilé comme sur cette intro de Ay amor où la mélodie s'installe comme un chant langoureux et amoureux dans des effluves suaves portées aussi par Bill Frisell aux notes plus bleutées que jamais.
Charles Llyod déclarait récemment dans le magazine américain downbeat « it is mystical, but it’s not something we can talk about, it’s something we can be about”
Jean-Marc Gelin