Une escale, avant que l’Amie Sophie Chambon ne prenne la relève, de ce festival placé cette année sous le signe des Voyageurs de l’imaginaire. Cet intitulé n’a rien de de conjoncturel ou d’opportuniste : il se propose de nous faire découvrir des musiques qui, toutes, ont en commun de nous entraîner quelque part (une époque, un lieu, un univers (culturel, musical, littéraire….)
Au Conservatoire Pierre Barbizet, où les festival est accueilli pour la seconde année (après 8 ans au Théâtre des Bernardines), ce sont chaque soir deux concerts d’une forte intensité.
Le jeudi 22 septembre, la soirée commence avec Claude Tchamitchian, programmateur et initiateur du festival avec sa compagnie Émouvance. Le trio Naïri prévu est devenu un duo, car la veille le guitariste Pierrick Hardy a été immobilisé par un problème de santé très soudain. C’est donc avec la clarinettiste Catherine Delaunay que le contrebassiste donne ce programme construit autour de la mémoire de l’ancienne Arménie (pays d’origine de Claude Tchamitchian), un pays que l’on appelait dans la haute antiquité Naïri. Les mythes et les espaces sont évoqués par le duo avec une subtilité musicale, et une expressivité, qui sont comme un récit, dont nous sommes captifs.
Puis c’est la rencontre du Quatuor à cordes Béla et Marc Ducret autour de la Suite Lyrique d’Alban Berg. Sous le titre «Suite lyrique électrique», Le guitariste parle, guitare en main, de cette œuvre musical très singulière, conçue comme un message d’amour crypté à destination d’une femme mariée. Le quatuor enchaîne en jouant cette pièce en six mouvements, à la fin de laquelle le guitariste poursuit sans transition, d’abord seul, puis conviant tout ou partie du quatuor a jouer avec lui la musique qu’il a composée pour prolonger le mystère de cette œuvre, ses codes et ses méandres. Et Marc Ducret a conclu en lisant l’une des lettres écrites par Alban Berg à son amour interdit, Hanna Fuchs. Grand moment de musique en miroir, sorte de cérémonie transculturelle d’une formidable intensité.
Xavier Prévost